Bilan du Premier ministre sur les travaux du gouvernement des derniers mois

Le 3 août 2010, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a présenté le bilan des travaux du gouvernement un an après son entrée en fonction et s’est prononcé sur les grands thèmes de la rentrée politique 2010/2011, marquée avant tout par la situation économique et financière difficile du pays. En même temps, il a présenté les priorités du gouvernement pour les mois à venir.

Le gouvernement travaille de manière intense à la mise en œuvre du programme gouvernemental, a expliqué le Premier ministre en guise d’introduction. Ainsi, pas moins de 96 projets de loi et 312 projets de règlement grand-ducal ont été adoptés par l’actuel gouvernement depuis son entrée en fonction en juillet 2009. Ce bilan est plus positif que celui des deux derniers gouvernements durant la même période, a répondu Jean-Claude Juncker aux critiques quant à un certain immobilisme du gouvernement depuis l’échec de la Tripartite.

Au cours des douze derniers mois, le gouvernement a entre autres adopté les points suivants:

  • réforme de la loi sur l’avortement;
  • réforme de la législation sur la violence domestique;
  • ouverture du mariage aux couples de même sexe;
  • modification de la loi communale, qui étend le droit de vote actif aux élections communales aux ressortissants non communautaires;
  • ouverture de la fonction publique aux ressortissants communautaires;
  • réforme du système des aides financières pour études supérieures;
  • adoption de mesures temporaires visant à promouvoir l’emploi et à adapter certaines modalités d’indemnisation de chômage;
  • réforme de l’assurance accident;
  • adoption de mesures fiscales relatives à la crise financière et économique;
  • adoption de mesures suite à la crise dans le secteur agricole;
  • simplification et accélération de la procédure d’autorisation "commodo-incommodo";
  • réglementation de l’accès aux professions d’artisan, de commerçant, d’industriel ainsi qu’à certaines professions libérales;
  • réforme de l’aménagement du territoire;
  • signature de 17 accords de non-double imposition.

Les grands thèmes de la rentrée politique

Situation économique

Alors que l’année 2008 a été marquée par une stagnation économique, 2009 a connu une récession de l’ordre de 4,1%, a rappelé Jean-Claude Juncker. "Par rapport à notre croissance habituelle de 4%, nous avons donc dû faire face à une régression de 12,1% en deux ans, ce qui correspond à 4,5 milliards d’euros. Début 2010, le pays était dès lors moins riche qu’en 2007", a-t-il souligné.

Pour ce qui est des prévisions de croissance pour les années 2010 et 2011, le Premier ministre a appelé à une analyse minutieuse des données. Une croissance espérée de 2,9% en 2010 ne correspondrait certainement pas à une "tendance dramatiquement positive". De plus, il a rappelé la grande dépendance de la croissance du Luxembourg à l’égard de l’Allemagne et de la Belgique en particulier, et de l’économie mondiale en général.

"Même si, d’un point de vue économique, l’année 2010 sera meilleure que les années 2009 et 2008, cette amélioration ne permettra pas aux gouvernements d’entamer les programmes de consolidation des finances publiques en 2011. Et même si, dans le cadre des efforts réalisés sur le plan des économies, il y a lieu de privilégier les mesures qui n’ont pas ou qui n’ont que peu d’effets négatifs sur la conjoncture, une politique d’économie excessive n’est pas la bonne démarche. Ni d’ailleurs l’accroissement continu des dettes et déficits publics. La croissance économique ne peut se faire que par le biais d’une situation saine au niveau des finances publiques. Si tout va bien, nous retrouverons au cours du 2e semestre 2011 le niveau économique de 2007", a estimé Jean-Claude Juncker au sujet de l’évolution économique.

Chômage

La situation sur le marché de l’emploi continue à préoccuper le Premier ministre. Même si une amélioration minimale se fait sentir sur le marché de l’emploi depuis mai 2010, il reste que le taux de chômage corrigé des variations saisonnières est passé de 2,4% en juin 2004 à 6,1% en juin 2010. De plus, le nombre de chômeurs de longue durée a encore tendance à augmenter.

Inflation

Concernant l’inflation, le Premier ministre a noté que celle-ci avait été supérieure, entre janvier et juin 2010, à celle de l’Allemagne, de la France, de la Belgique et des Pays-Bas, ce qui n’est pas sans conséquence sur la compétitivité des entreprises au Luxembourg.

Évolution des salaires

À côté de l’inflation, l’évolution des salaires est un autre facteur qui influe sur la compétitivité des entreprises. À ce sujet, Jean-Claude Juncker a également constaté que le Luxembourg ne suivait pas le rythme de ses pays voisins. Alors qu’entre 1999 et 2009, les salaires ont augmenté de 12,9% en Allemagne, de 34,3% en Belgique et de 34,4% en France, ils ont augmenté de 41,9% au Luxembourg.

"Même si les chiffres ne disent pas tout, il est vrai que nous avons un grave problème de compétitivité. Et l’immobilisme ne peut pas être une option!", a conclu le chef du gouvernement à ce sujet.

Finances publiques

Pour ce qui est des finances publiques, le Premier ministre a souligné que le gouvernement restait attaché à son objectif d’un budget équilibré au niveau de l’administration publique en 2014. Mais pour y arriver, le gouvernement ne pourra pas se passer d’emprunts. Ce faisant, la dette publique augmentera et le gouvernement devra prévoir 250 millions d’euros par an pour le remboursement de cette dette.

Indexation automatique des salaires

L’indexation automatique des salaires n’est pas le seul facteur qui pose problème à la compétitivité des entreprises, mais elle n’est pas non plus sans influence aucune, a estimé Jean-Claude Juncker. Après le rejet de ses propositions avancées dans le cadre de la dernière Tripartite, le Premier ministre est en train de sonder le patronat et les syndicats pour voir s’il y a lieu de convoquer une réunion tripartite en automne. "Si tel n’est pas le cas, le gouvernement ne se fera pas l’otage des partenaires sociaux et, avec la Chambre des députés, prendra les décisions qui, à ses yeux, s’imposent." "En automne, le modèle social luxembourgeois fera l’objet d’un stress test!", a-t-il averti.

Les priorités

La priorité du gouvernement sera la présentation, en octobre 2010, du projet de budget pour l’année 2011, avec la réforme du système des soins de santé et du système de pensions ou encore la lutte contre le chômage et l’inflation.

La tenue d’un sommet agraire en octobre 2010, la révision de la Constitution, la réforme du Service de renseignement de l’État, la mise en place d’une plateforme de réflexion sur l’économie solidaire ainsi que l’emplacement futur du pavillon luxembourgeois à l’Exposition universelle de Shanghai sont d’autres sujets qui figurent au programme du gouvernement pour les prochains mois.

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