Jean-Claude Juncker et Jean Asselborn au Conseil européen extraordinaire

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker et le Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, ont participé au Conseil européen extraordinaire des chefs d'État et de gouvernement des 27 États membres de l'Union européenne, qui s’est tenu le 16 septembre 2010 à Bruxelles.

Au programme des discussions du Conseil européen ont essentiellement figuré les relations de l’Union européenne avec ses partenaires stratégiques, ainsi que les travaux du groupe de travail sur la gouvernance économique.

Lors de la conférence de presse à l’issue du Conseil européen, le Premier ministre a toutefois tenu à s’exprimer également au sujet du différent qui oppose la Commission européenne et la France sur la question de l’expulsion des Roms, sujet qui avait largement dominé la réunion des chefs d’État et de gouvernement. "Nous nous sommes mis d’accord sur plusieurs principes, qui d’ailleurs ne souffraient pas contradiction", a déclaré le Premier ministre Jean-Claude Juncker. "Premièrement, les propos que la vice-présidente de la Commission européenne, Madame Reding, a eus à l’égard de la France, en tirant un parallèle entre la shoa et ce qui se passe actuellement en France, sont des propos excessifs qui débordent les limites de ce qu’il convient de pouvoir se dire. Rien de ce qui s’est passé après 1945 jusqu’à nos jours ne peut être comparé à la persécution des juifs; il s’agit là d’un amalgame malsain. Pour le reste, la Commission européenne a parfaitement le droit de jouer son rôle, qui consiste à faire en sorte que les traités de l’Union européenne soient observés par tous les États membres, qu’ils soient grands ou petits. Si la Commission ne revendiquait pas son droit d’enquête, elle manquerait à son devoir", a affirmé Jean-Claude Juncker. Et de poursuivre: "J’ai longuement parlé avec le président français de cette affaire, pour lui rappeler également qu’il n’est pas convenable que lorsqu’une commissaire européenne, qui est une ressortissante d’un État membre, s’exprime, qu’on charge de façon invective le pays d’origine de cette commissaire. Un commissaire ne représente pas son pays à partir du moment où il est nommé. Il n’y a pas d’injonction du gouvernement luxembourgeois sur les propos que la commissaire luxembourgeoise peut avoir." Le Premier ministre a tenu à souligner qu’il récusait "cette idée qu’il paraît convenable d’attaquer le Luxembourg à cause d’un propos tenu par la commissaire Reding, qui est d’origine luxembourgeoise. Tout comme je n’accepte pas les propos de certains ministres français, qui nous expliquent qu’un commissaire d’un petit État membre n’as pas le droit de faire la leçon aux grands États membres. De plus, si on dit en France que c’est la France qui est en charge de l’application exacte du droit communautaire, cela est faux; c’est la Commission qui est en charge."

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a conclu en disant: "J’ai tenté d’appaiser les choses, mais je ne voudrais pas que cette affaire malencontreuse soit utilisée pour lancer des attaques injustifiées contre mon pays."

Relations avec les partenaires stratégiques

Le Conseil européen a examiné les moyens de donner un nouvel élan aux relations extérieures de l’Union, en tirant pleinement parti des possibilités offertes par le traité de Lisbonne.

Les chefs d’État et de gouvernement, ensemble avec les ministres des Affaires étrangères, ont affirmé que l’UE doit jouer véritablement un rôle sur la scène internationale, en étant prête à assumer sa part de responsabilité dans la sécurité mondiale et à montrer la voie pour trouver des réponses communes à des défis communs. L’UE et ses États membres devront agir de manière plus stratégique. Elle devra pour cela identifier clairement ses intérêts et objectifs stratégiques. Le Conseil européen demande que les synergies entre l’Union européenne et les niveaux nationaux soient améliorées, que la coordination entre les acteurs institutionnels soit renforcée, que toutes les politiques et tous les instruments pertinents soient mieux intégrés et que les rencontres au sommet avec les pays tiers soient utilisées plus efficacement.

Les partenariats stratégiques de l’UE avec des acteurs clés dans le monde constituent un instrument utile pour servir les objectifs et les intérêts européens. Ainsi, le Conseil européen discutera régulièrement des relations extérieures afin d’arrêter des orientations stratégiques avant les événements importants.

Lors de la conférence de presse à l’issue du Conseil européen, le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn a déclaré: "En ce qui concerne la stratégie qu’on vient de retenir au Conseil européen, je pense pouvoir dire que la coopération entre la présidence du Conseil européen, la Haute-représentante et les ministres des Affaires étrangères doit encore être améliorée, afin de devenir plus efficace. On n’a pas encore atteint un niveau suffisant pour assurer une coopération optimale."

En ce qui concerne l’appréciation sur la Turquie, le ministre Asselborn a rappelé que "nous avons dans l’Union européenne encore d’énormes différences sur cette appréciation. Cependant, si on ne prend pas de décision de principe en 2011, on arrivera à un point où les négociations avec la Turquie arriveront à terme. Il convient de prendre en 2011 une décision de principe quant à la suite à donner aux négociations d’adhésion avec la Turquie."

Concernant le processus de paix au Proche-Orient, le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn a déclaré: "Je suis fier que nous ayons réussi à en arriver à une décision unanime à 27, de plaider pour la prolongation du moratoire israélien concernant la construction de colonies en Cisjordanie et à Jérusalem. Sans ce moratoire, il sera impossible de poursuivre les négociations."

Groupe de travail sur la gouvernance économique

Sur la base d’un rapport intérimaire du président du groupe de travail sur la gouvernance économique, le Conseil européen a fait le bilan des progrès accomplis. Les chefs d’État et de gouvernement se sont félicités des importants progrès réalisés, notamment en ce qui concerne l’instauration d’un semestre européen, la mise en place d’un nouveau cadre de surveillance macro-économique destiné à surveiller et à corriger en temps utile les écarts et les déséquilibres de compétitivité qui ne sont pas tenables. Le renforcement des cadres budgétaires nationaux fut également discuté.

Le Conseil européen souligne que la réforme de la gouvernance économique européenne doit être poursuivie avec la même vigueur et attend avec intérêt, pour sa réunion d’octobre 2010, le rapport final du groupe, qui proposera un ensemble complet de mesures destinées à orienter le travail législatif.

Lors de la conférence de presse, le Premier ministre Jean-Claude Juncker à tenu à revenir sur la question des partenariats stratégiques dans un contexte économique, notamment en ce qui concerne la Chine. "Lors de la discussion sur la Chine, j’ai pris la parole en ma qualité de président de l’Eurogroupe", a fait savoir le Premier ministre. "A mes yeux, une partie de la politique étrangère et des relations stratégiques doit consister en une meilleure coordination des politiques monétaires. Il n’y a pas de diplomatie moderne sans explications sur les politiques des taux de change", a-t-il souligné. "La Chine n’est non seulement un État émergent, mais un État qui présente une performance économique impressionnante. Ainsi nous devons avoir avec nos interlocuteurs chinois des explications plus formelles et poussées sur des éléments de la politique des taux de change."

En ce qui concerne la réforme du Pacte de stabilité et de croissance, "il n’y a pas eu de nouveaux éléments au cours de ce Conseil européen", a déploré le Premier ministre. "Il y a eu un large consensus concernant l’instauration d’un semestre européen à partir de janvier 2011. Nous avons rappelé la nécessité de nous concerter de manière encore plus poussée sur des questions liées à la compétitivité, et à des écarts de compétitivité excessifs entre États membres", a conclu le Premier ministre Juncker.

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