Jean-Claude Juncker devant la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen

En sa qualité de président de l’Eurogroupe, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a rencontré les membres de la commission des Affaires économiques et financières du Parlement européen, le 8 novembre 2010.

Ces consultations entre le Parlement européen et le président de l’Eurogroupe se tiennent de façon régulière, en principe deux fois par an.

Dans son exposé devant les membres de la commission, Jean-Claude Juncker a d’emblée souligné que la situation économique et financière dans la zone euro restait difficile avec un taux de croissance médiocre dans la zone euro et des déficits et des dettes publiques trop élevés. Le président de l’Eurogroupe a en outre appelé de ses vœux que les États membres de la zone euro poursuivent des politiques économiques et financières saines afin d’assurer la stabilité, la crédibilité et la croissance de leurs économies.

Concernant les trois pays qui sont actuellement considérés les plus fragiles, à savoir la Grèce, le Portugal et l’Irlande, le président de l’Eurogroupe s’est dit confiant que ces pays puissent honorer leurs engagements en matière de stabilisation de leurs finances publiques et de la poursuite des réformes structurelles.

Jean-Claude Juncker s’est félicité des débats au sein de l’Eurogroupe sur la surveillance des divergences de compétitivité et des déséquilibres macroéconomiques dans la zone euro. Ces examens, pays par pays, les "peer reviews" sont concentrés sur les défis macro-économiques clés ainsi que sur l'élaboration de conseils opérationnels sur les actions prioritaires. L'objectif en est d'avoir une discussion franche et ouverte entre les États membres, et donc de faciliter l'échange de bonnes pratiques. En outre, les ministres des Finances sont invités à prendre en considération les conclusions de l'exercice lors de l'élaboration de leur stratégie de politique économique nationale et à rendre compte auprès de l'Eurogroupe du suivi prévu. Les pays ayant déjà fait l’objet de cet examen sont l’Espagne, la Finlande, le Portugal et le Luxembourg. Lors de la prochaine réunion de l’Eurogroupe, le 16 novembre 2010, l’Allemagne et l’Italie seront examinées. Pour Jean-Claude Juncker, les débats qui ont eu lieu jusqu’ici ont permis de dégager certaines pistes prioritaires que devront suivre les États membres. Parmi ces priorités, le président de l’Eurogroupe a cité "la nécessité de réduire les déficits structurels qu’accusent les budgets nationaux", la réduction de la dette publique et "l’endettement des ménages et des entreprises pour éviter le risque de bulles futures". L’Eurogroupe a également observé que les rigidités du marché du travail constituent une entrave à la compétitivité, mais Jean-Claude Juncker estime que les rigidités "ne doivent pas toutes être éliminées, parce que certaines soi-disant rigidités continuent à protéger le monde du travail contre l’arbitraire et les comportements aléatoires de ceux qui sont les maîtres de l’emploi".

Pour ce qui est des taux de change, Jean-Claude Juncker estime que le dollar américain "n’est pas au niveau où il devrait être" et que les récentes décisions de la Réserve fédérale américaine portent en elles des risques de dérapages qui se feront sentir au niveau global. Le président de l’Eurogroupe espère ainsi que les participants européens au prochain sommet du G20 "ne manqueront pas de poser un certain nombre de questions à nos amis américains sur les décisions monétaires récentes qui ne semblent pas être en ligne avec ce qui a été convenu lors de réunions préparatoires au niveau du G7 et du G20".

Concernant la réforme du Fonds monétaire international, Jean-Claude Juncker reste de l’avis que la zone euro devrait être représentée par un siège unique au FMI, mais admet que cette idée est loin de faire l’unanimité parmi les membres de la zone euro. "Il y a trop d’Européens autour de la table du FMI, mais pas assez d’Europe", a dit le chef de file des ministres des Finances de la zone euro. Avec un siège unique, la zone euro deviendrait l’actionnaire le plus important et le plus influent au FMI, mais "les pays membres de la zone euro ne voient pas l’intérêt, ni l’attrait de concentrer les intérêts et l’influence européenne. Je le regrette profondément mais je suis convaincu que l’histoire ira dans ce sens, (…) nous perdons du temps, les autres n’attendent que cela".

Le président de l’Eurogroupe a appelé de ses vœux que la mise en œuvre des conclusions de la task force Van Rompuy ainsi que du dernier Conseil européen sur la gouvernance économique puisse se faire en étroite concertation et collaboration entre le Parlement européen et le Conseil. Jean-Claude Juncker a ajouté en son nom personnel qu’il estimait que les décisions à prendre dans le cadre de la version réformée du pacte de stabilité et de croissance devrait toutes et à chaque stade de la procédure être prises à majorité qualifiée inversée.

Répondant à une question d’un membre de la commission des Affaires économiques et monétaires, Jean-Claude Juncker a confirmé qu’il entendait proposer une initiative en faveur d’emprunts obligataires de la zone euro, les Eurobonds. Dans le cadre de la mise en place d’un mécanisme de stabilisation financière permanent, tel que décidé par le Conseil européen, le président de l’Eurogroupe estime en effet qu’une telle solution devrait être examinée à nouveau: "Je suis de l’avis que si nous voulons avoir un mécanisme de crise permanent, il faut que nous nous penchions encore une fois sur ce sujet. (…) Comme on réfléchit sur beaucoup de choses, y inclus la perte des droits de vote, je n’accepte pas que l’on refuse de réfléchir à la question des Eurobonds. Si on réfléchit à ce qui est impossible, il faut que ce soit permis de penser au possible".

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