Interview du Premier ministre, président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, dans "Der Spiegel"

Dans une interview avec le magazine allemand "DER SPIEGEL" publiée le 24 janvier 2011, le Premier ministre et président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker est revenu sur la crise de la dette souveraine dans quelques États membres de l’Union européenne.

Au sujet de la modification du mécanisme européen de stabilité financière, le président de l'Eurogroupe a indiqué qu'il y avait consensus parmi les chefs d'État ou de gouvernement de l'UE à augmenter les capacités effectives d'emprunt du Fonds de secours financier. En effet, le Fonds, doté de 440 milliards, ne peut lever actuellement qu'une partie de cette somme parce qu'un certain nombre de pays ne bénéficient pas de la meilleure notation auprès des agences financières, a expliqué Jean-Claude Juncker. À ce sujet, il a aussi récusé l'idée que l'Allemagne serait alors le seul pays à endosser des risques supplémentaires et a indiqué que d’autres pays disposant également de la meilleure notation (les Pays-Bas, l'Autriche, la Finlande ou le Luxembourg) devraient eux-aussi apporter leur contribution pour augmenter l'efficience du dispositif.

Au sujet de la proposition du président de la Commission européenne d'acheter les dettes de pays en difficulté, Jean-Claude Juncker n'a pas voulu se prononcer, appelant tout au plus à un débat sans tabous. Pour le reste, il a insisté sur le fait qu'il ne faudrait pas demander trop aux pays forts. "Sans solidité, il n'y aura pas de solidarité, mais sans solidarité, nous n'avancerons pas non plus en termes de solidité", a noté le président de l’Eurogroupe.

Dans le cadre de cette crise de la dette souveraine dans certains États membres, Jean-Claude Juncker a admis qu’une meilleure coordination des politiques économiques au sein de la zone euro serait de mise. De même, il a appelé à davantage de coordination dans le domaine du marché de l'emploi, essentiel pour la compétitivité, et à se coordonner davantage au niveau des politiques salariales.

Concernant son idée des euro-obligations (euro-bonds) qui, actuellement, ne fait pas l'unanimité, le président de l'Eurogroupe s'est dit convaincu que cette idée s'imposera un jour. Pour le reste, l'idée des euro-obligations serait mal comprise en Allemagne, a dit Jean-Claude Juncker. Selon lui, il s'agit d'un instrument pour inciter des États à faible solidité financière à davantage de discipline budgétaire. Le recours aux euro-obligations serait réservé aux pays qui souscrivent à une stricte discipline financière et qui suivent la voie de la consolidation budgétaire. De plus, Jean-Claude Juncker a récusé l'idée que les taux d'intérêt pour les euro-obligations seraient forcément plus élevés. L’émission d’euro-obligations créerait un marché obligataire dont la taille et l’importance s’apparentent à celui des États-Unis d’Amérique ce qui aurait comme résultat une baisse du taux d’intérêt, grâce notamment a l’attractivité d’un tel marché pour les investisseurs.

Dernière mise à jour