Jean-Claude Juncker au Conseil européen à Bruxelles

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a participé au Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement des 27 États membres de l'Union européenne, qui s'est tenu le 4 février 2011 à Bruxelles.

Les discussions ont essentiellement porté sur les orientations futures de l'Union européenne en matière de stratégie et de sécurité énergétique, ainsi qu'en matière de recherche et d'innovation. Les chefs d'État et de gouvernement se sont également entretenus sur la situation économique et financière et sur les mesures à mettre en oeuvre pour contrecarrer la crise. Les discussion ont notamment porté sur la question de la gouvernance économique, le renforcement du Fonds européen de stabilité financière, et sur le futur Mécanisme européen de stabilité.

Le Conseil européen a eu un échange de vues sur les récents développements en Tunisie et en Égypte, ainsi que sur la situation en Biélorussie.

Energie / innovation

Le Conseil européen a consacré ses travaux à deux secteurs, l’énergie et l’innovation, qui sont essentiels pour la croissance et la prospérité futures de l’Europe. Il est convenu d’un certain nombre d’actions prioritaires dont la mise en œuvre contribuera grandement à renforcer la croissance et la création d’emplois, ainsi qu’à favoriser la compétitivité de l’Europe.

En ce qui concerne les questions de l’énergie, le Conseil européen a affirmé qu’une énergie sûre, durable, financièrement abordable, dont l’approvisionnement est garanti et qui contribue à la compétitivité, reste une priorité pour l’Europe. Voilà pourquoi les chefs d’État et de gouvernement ont formulé un certain nombre de conclusions opérationnelles en ce qui concerne le marché intérieur de l’énergie, l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables, les technologies à faibles émissions de CO2, ainsi que les relations extérieures de l’UE avec les principaux pays producteurs, consommateurs et de transit.

Concernant le volet innovation, le Conseil européen a demandé la mise en œuvre d’une approche stratégique et intégrée pour stimuler l’innovation et tirer pleinement parti du capital intellectuel de l’Europe, dans l’intérêt des citoyens, des entreprises et des chercheurs.

Situation économique

Le Conseil européen a examiné la situation économique et a noté que les perspectives économiques générales s’améliorent, même si d’importants défis subsistent.

Les chefs d’État et de gouvernement se sont mis d’accord sur la future marche à suivre en ce qui concerne les travaux relatifs à la gouvernance économique, au pacte de stabilité et de croissance et à un nouveau cadre macroéconomique.

Le Conseil européen a invité l’Autorité bancaire européenne et d’autres autorités compétentes à mener des tests de résistance du secteur bancaire ambitieux.

Dans le contexte du semestre européen pour la coordination des politiques économiques, le Conseil européen établira en mars les priorités en matière de réformes structurelles et d’assainissement des finances publiques pour les prochains programmes de stabilité et de convergence. Sur cette base, les États membres sont invités à présenter, en avril, leur programme national de réforme ainsi que leur programme de stabilité ou de convergence.

Le Conseil européen adoptera également en mars la décision finale relative à une modification limitée du traité afin d’établir le Mécanisme européen de stabilité.

Le Conseil européen a pris note de la déclaration des chefs d’État et de gouvernement de la zone euro et des institutions de l’UE, en vue de préserver la stabilité financière et à faire en sorte que la zone euro sorte plus forte de la crise. La stratégie visée comprend une série de mesures législatives sur la gouvernance économique, les tests de résistance et le rétablissement du secteur financier ainsi que la mise en œuvre du semestre européen. En outre, les chefs d’État de et gouvernement se sont mis d’accord sur des objectifs, qui font partie d’un ensemble de mesures à parachever au mois de mars, à savoir:

  • la mise en œuvre des programmes existants avec la Grèce et l’Irlande;
  • la mise en œuvre, dans les État membres de la zone euro, des mesures adoptées pour consolider la situation budgétaire et renforcer les perspectives de croissance compte tenu de la pression des marchés et évaluation, par la Commission, en liaison avec la BCE, des progrès accomplis;
  • des propositions concrètes de la part de l’Eurogroupe concernant le renforcement du Fonds européen de stabilité financière de manière à garantir la flexibilité et les capacités financières nécessaires pour fournir un soutien approprié;
  • la mise au point, sous la direction du président de l’Eurogroupe, des caractéristiques opérationnelles du Mécanisme européen de stabilité, conformément au mandat convenu en décembre.

En s’inspirant du nouveau cadre pour la gouvernance économique, les chefs d’État et de gouvernement ont examiné des mesures supplémentaires visant à renforcer la qualité de la coordination des politiques économiques dans la zone euro dans le but d’aboutir à un degré de convergence plus élevé dans les domaines ayant une incidence directe sur la compétitivité. Les États non membres de la zone euro seront invités à prendre part à cette coordination.

Lors de sa conférence de presse à l'issue du Conseil européen, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a déclaré que "nous avons eu des discussions longues et controverses concernant les questions économiques". "L'Allemagne et de la France ont fait la proposition de vouloir lancer un pacte pour la compétitivité, cependant, aucun texte n'a été soumis au Conseil européen", a déploré le Premier ministre. "Ainsi, nous avons débattu pendant quatre heures, sans que nous ne sachions exactement de quoi nous parlions, faute de contenu concret." Jean-Claude Juncker a souligné que "nous sommes tous d'accord qu'il faut améliorer la compétitivité dans l'Union européenne. Cependant, un certain nombre de mesures ont déjà été mises en œuvre, ou le seront prochainement, et il s'agit d'analyser d'abord en quoi la froposition franco-allemande apporte une plus-value par rapport aux instruments déjà existants." Et de poursuivre: "Le débat aurait pu gagner en qualité si on avait eu de vraies propositions à débattre, et non seulement des généralités".

"J'ai passé la moitié de ma vie à m'engager pour qu'on arrive à avoir plus de coordination économique en Union européenne", a affirmé le Premier ministre Juncker. "Si mainenant, ceux qui y étaient toujours réticents commencent également à demander plus de coordination, ne me peux que m'en féliciter."

Concernant les propositions franco-allemandes pour améliorer la compétitivité, le Premier ministre a estimé: "J'ai lu certaines choses dans la presse allemande, ce qui m'a renseigné sur l'approche proposée". "Si cette approche prévoit l'abolition de l'indexation automatique des salaires, alors je m'y oppose fermement", a souligné le Premier ministre luxembourgeois. "Le Luxembourg est un des États membres de la zone euro dont le taux de chômage est le plus bas, le temps de travail hebdomadaire le plus long, et le déficit budgétaire le plus bas, alors je ne vois pas en quoi l'abolition de l'indexation automatique des salaires permettrait d'améliorer la compétitivité du Luxembourg ou de la zone euro". Et de poursuivre: "Si l'on veut mener une discussion sur une harmonisation en matière de politique salariale, alors il faudra également aborder les questions concernant un socle minimal de droits des travailleurs, le salaire social minimal et le temps de travail hebdomadaire". Concernant un éventuel relèvement de l'âge de départ à la retraite, Jean-Claude Juncker a estimé: "Je ne vois pas l'utilité de relever l'âge de départ à la retraite à 67 ans, quand parallèlement, les personnes de 55 à 65 ans sont exclus du monde du travail".

Jean-Claude Juncker a conclu en précisant: "Si l'on veut un débat sur la compétitivité, alors on aura un vrai débat!"

Situation dans la région méditerrannéenne

Le Conseil européen a adopté une déclaration sur l’Égypte et la région.

Les chefs d’État et de gouvernement ont déploré la dégradation de la situation en Egypte, condamné avec la plus grande fermeté les violences et rappelé que tous les citoyens ont le droit de manifester librement et pacifiquement. Toute tentative destinée à limiter la libre circulation de l’information, y compris l’agression et l’intimidation de journalistes, est inacceptable. Le Conseil européen a exhorté toutes les parties à faire preuve de retenue, à éviter toute nouvelle violence et à s’engager rapidement dans une transition sans heurt.

Biélorussie

Le Conseil européen a approuvé les conclusions sur la Biélorussie adoptées par le Conseil "Affaires étrangères" lors de sa session du 31 janvier, y compris la décision d’imposer des mesures restrictives.

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