Jean-Claude Juncker au Conseil européen à Bruxelles

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a participé au Conseil européen qui s’est tenu les 24 et 25 mars 2011 à Bruxelles.

Les chefs d’État et de gouvernement des 27 pays membres de l’Union européenne ont fait le point sur la situation économique et ont adopté un ensemble global de mesures destinées à préserver la stabilité financière et à créer les conditions d'une croissance durable et créatrice d'emplois.

Par ailleurs, ils ont fait le point sur les événements en Libye, en Afrique du Nord et dans le Proche-Orient, et ont de manière plus générale discuté des éléments nouveaux à prendre en compte dans le voisinage méridional.

Le Conseil européen s’est également penché sur la situation au Japon et a évoqué les différentes possibilités de soutien à la population affectée. Dans ce contexte, la sécurité nucléaire en Union européenne a également été un sujet du Conseil européen.

Politique économique

Le Conseil européen a adopté un vaste ensemble de mesures destinées à faire face à la crise, à préserver la stabilité financière et à créer les conditions d’une croissance intelligente, durable, fondée sur l’intégration sociale et créatrice d’emplois, ce qui permettra de renforcer la gouvernance économique et la compétitivité de la zone euro et de l’Union européenne.

Dans le cadre du semestre européen, le Conseil européen a approuvé les priorités en matière d’assainissement budgétaire et de réformes structurelles. Tous les États membres traduiront ces priorités en mesures concrètes, qu’ils incluront dans leurs programmes de stabilité ou de convergence et leurs programmes nationaux de réforme.

Les États membres ont souligné leur volonté de faire aboutir la stratégie Europe 2020. Ils présenteront les principales mesures qui sont nécessaires pour progresser sur la voie de la réalisation des grands objectifs arrêtés en juin 2010 dans le cadre de la stratégie Europe 2020. Ils présenteront également des mesures destinées à corriger les déséquilibres macroéconomiques persistants et à améliorer la compétitivité.

Le Conseil européen a appelé de ses vœux la poursuite des travaux sur le paquet des six propositions législatives sur la gouvernance économique, qui constitue un élément essentiel pour garantir le renforcement de la discipline budgétaire et éviter les déséquilibres macroéconomiques excessifs. Il comprend une réforme du pacte de stabilité et de croissance destiné à renforcer la surveillance des politiques budgétaires et à appliquer de manière plus systématique et à un stade plus précoce les mesures visant à faire respecter les règles fixées, de nouvelles dispositions sur les cadres budgétaires nationaux et une nouvelle surveillance des déséquilibres macroéconomiques.

"Je me félicite que que nous ayons réussi à nous mettre d'accord sur un renforcement du pacte de stabilité et de croissance, de manière à ce que les changements puissent devenir effectifs au mois de juin 2011", a déclaré le Premier ministre Jean-Claude Juncker lors de sa conférence de presse à l'issue du Conseil européen. "Le pacte de stabilité sera visiblement renforcé. Je regrette qu'il n'ait pas subi tous les renforcements qui auraient été possibles, mais je suis néanmoins satisfait du résultat."

Le pacte pour l’euro plus renforcera le pilier économique de l’Union économique et monétaire et donnera une nouvelle impulsion à la coordination des politiques économiques, afin d’améliorer la compétitivité et de parvenir ainsi à un plus haut niveau de convergence. Les États membres qui ont souscrit au pacte s’engagent à annoncer une série d’actions concrètes et à mettre en œuvre dans les douze mois qui suivent.

Lors de son point de presse, le Premier ministre a déclaré que "le pacte pour l’euro plus ne contient pas de nouveaux éléments, mais les moyens de renforcer la compétitivité deviennent plus intensifs, on notera une accélération des volontés de réforme." Et de continuer: "en ce qui concerne le Luxembourg, je discuterai du programme de réformes national avec les partenaires sociaux en date du 2 avril prochain. Notre programme sera ensuite communiqué à Bruxelles.

Le Conseil européen a souligné l’importance des tests de résistance des instituts bancaires, menés actuellement par l’Autorité bancaire européenne.

Comme convenu lors du Conseil européen de juin 2010, les chefs d’État et de gouvernement ont estimé qu’il convient de réfléchir à l’instauration d’une taxe sur les transactions financières.

Le Conseil européen a adopté la décision modifiant le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne en ce qui concerne la création du mécanisme européen de stabilité (MES). Le Conseil européen s'est félicité des décisions prises le 11 mars 2011 par les chefs d’État ou de gouvernement de la zone euro, ainsi que de l’accord conclu le 21 mars sur les caractéristiques du MES. La préparation du traité sur le MES et les modifications apportées à l’accord sur le FESF, visant à assurer à ce dernier une capacité de prêt effective de 440 milliards d’euros, seront mises au point de façon à ce que les procédures nationales puissent être achevées en temps voulu pour la signature simultanée des deux accords avant la fin de juin 2011.

"Le MES prévoit une implication du secteur privé au cas par cas", a expliqué le Premier ministre luxembourgeois lors de son point de presse. "Le MES ne sera activé que sous une conditionnalité stricte, et si le pays qui demande l'aide s'engage à des efforts de solidités définis au préalable."

Portugal

Répondant à une question d’un journaliste concernant la situation du Portugal suite à la démission de son gouvernement, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker a assuré: "Le Portugal ne sera pas laissé seul par les autres Européens. Si le Portugal devait demander une aide européenne – et je n’ai en ce moment aucune raison de penser que cela va se produire – le parapluie financier que nous avons mis en place sera suffisant."

Jean-Claude Juncker a également expliqué qu'il avait rencontré le chef de file de l'opposition portugaise en marge de ce Conseil européen et qu’il lui avait rappelé que le futur gouvernement portugais aura les mêmes obligations de consolidation budgétaire et de réduction de déficits, même s'il veut y arriver par d'autres moyens." Et d'enchaîner: "ce n'est pas à moi de dire aux autorités portugaises s'ils doivent oui ou non demander une aide européenne. C'est une décision qui incombe aux autorités portugaises."

Libye / Voisinage méridional

Le Conseil européen a débattu de la situation en Libye et a fait siennes les conclusions adoptées par le Conseil "Affaires étrangères" du 21 mars 2011. Le Conseil européen s’est félicité de l’adoption de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies. Il a condamné l'attitude du régime libyen qui continue de faire fi des résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que la répression violente et brutale que ce régime continue d’exercer à l’encontre de ses propres citoyens. Il a noté que les actions entreprises conformément au mandat du Conseil de sécurité ont largement contribué à protéger les populations et les zones civiles menacées d'attaque et ont contribué à sauver la vie de civils. Lorsque les populations civiles seront en sécurité et à l'abri des attaques et lorsque les objectifs de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies seront atteints, les opérations militaires prendront fin.

L’Union européenne, conjointemenet avec la Ligue arabe, les Nations unies et l’Union africaine, redoublera d’efforts pour apporter une solution à la crise, qui satisfasse les revendications légitimes du peuple libyen. Le Conseil européen a appelé une nouvelle fois le colonel Kadhafi à quitter immédiatement le pouvoir, afin de permettre à la Libye de s’engager rapidement dans une transition vers la démocratie.

Les chefs d’État et de gouvernement se sont félicités du déroulement sans heurts du référendum sur la révision de la Constitution qui s'est tenu en Égypte le 19 mars 2011. Il ont également discuté de la situation en Syrie, au Yémen et à Bahreïn, et se sont dit préoccupé par l’escalade de la violence.

Le Conseil européen a souligné qu’il convient de faire avancer rapidement les travaux en vue de la mise en place d’un nouveau partenariat dans la région, et a demandé que des progrès rapides soient réalisés dans plusieurs domaines.

Japon

Le Conseil européen a présenté au Japon ses condoléances pour les très nombreuses pertes de vies humaines qu’il a subies, et a exprimé sa solidarité à la population et au gouvernement japonais. L’Union européenne soutiendra les efforts déployés par le Japon pour surmonter les problèmes auxquels il est confronté à la suite du séisme et du tsunami.

L’Union européenne est en train d’acheminer des secours pour venir en aide à la population sinistrée et se tient prête à apporter une aide supplémentaire si la demande en est faite.

L’Union européenne se félicite de l’intervention du G7 en ce qui concerne le yen et reste prête à coopérer pleinement avec le Japon pour faire face aux conséquences économiques et financières, y compris dans le cadre du G8 et du G20.

Dans le cadre des enseignements qu’il convient de tirer de ces événements, le Conseil européen a demandé que des mesures soient prises en priorité dans le domaine de la sûreté nucléaire.

Il convient de vérifier la sûreté des installations nucléaires de l'UE, sur la base d'une évaluation globale et transparente des risques et de la sûreté ("tests de résistance"). La Commission et le Groupe des régulateurs européens dans le domaine de la sûreté nucléaire (ENSREG) ont été invités de déterminer le plus rapidement possible l'étendue et les modalités de ces tests dans un cadre coordonné qui impliquera pleinement les États membres et tirera pleinement parti de l'expertise disponible (notamment celle de l'Association des responsables des Autorités de sûreté nucléaire des pays d'Europe de l'Ouest). Les évaluations seront menées par des autorités nationales indépendantes.

Tous les résultats qui seront communiqués à la Commission et aux membres de l'ENSREG seront rendus publics. Le Conseil européen évaluera les premières conclusions à la fin de l’année 2011 sur la base d’un rapport établie par la Commission.

Lors de sa conférence de presse à l'issue du Conseil européen, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a confirmé que "les chefs d’État et de gouvernement ont eu une longue discussion sur les questions du nucléaire et de la sécurité nucléaire. Dans ce contexte, il convient de rappeler que l'énergie et la question de l'approvisionnement énergétique est une compétence nationale."

Concernant les tests de résistance pour les centrales nucléaires décidés par le Conseil européen, le Premier ministre luxembourgeois a précisé que "les chefs d’État et de gouvernement ont décidé des tests de sécurité pour toutes les centrales nucléaires sur le territoire de l'Union européenne." Il a enchaîné en expliquant que "les modalités de ces tests seront définies par la Commission européenne et les autorités compétentes. Il est très important que ces tests se feront selon des normes uniques et unifiées". Le Premier ministre luxembourgeois a prévenu qu'il" ne faut pas que les experts qui mènent les tests soient liés au lobby nucléaire".

Et de continuer "dans un souci de transparence, les résultats des stress tests seront publiés et les conséquences qui s'imposent seront prises. En cas de lacunes sécuritaires éventuellement détectées sur une centrale, il y a deux possibilités: soit, la sécurité de la centrale en question devra être augmentée, soit, la centrale devra être fermée."

En conclusion, le Premier ministre Juncker a insisté fermement sur plusieurs points: "l'importance de ces tests pour toutes les centrales, la transparence des tests, une indépendance stricte, l'implication de la Commission, la communication des résultats au Conseil européen." Le Premier ministre luxembourgeois a également expliqué qu'un dialogue sera entamé avec les pays limitrophes de l'UE afin que des tests similaires soient faits.

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