Jean-Claude Juncker s'est prononcé sur les défis actuels de la zone euro au Länderrisiken-Kongress à Mayence

Le 12 mai 2011, le Premier ministre et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker a livré ses réflexions sur les défis actuels de la zone euro au Länderrisiken-Kongress 2011 à Mayence.

Abordant les répercussions de la crise économico-financière, Jean-Claude Juncker a regretté que l’on ait fait trop confiance "à la main invisible" et "au postulat que le marché se régule de lui-même". Même si la crise s’est accompagnée de la mise en place de nouvelles normes pour mieux encadrer les activités financières à l’échelon international, il a regretté que les processus soient loin d’être transparents. Jean-Claude Juncker a préconisé un retour vers des politiques de consolidation budgétaire suite aux succès enregistrés après l’application des politiques fiscales anticycliques. Il a rappelé que l’Europe n’est pas confrontée à "une crise de l’euro" mais "une crise de la dette souveraine".

Parallèlement, le président de l'Eurogroupe a mis en garde contre une restructuration de la dette grecque en soulignant "qu’une restructuration de la dette grecque soulève des questions dont l’entièreté des répercussions ne peuvent être embrassées du regard". "Si les réformes structurelles seront entreprises conformément aux engagements, je vois une chance sérieuse que l’on pourra résoudre la situation en Grèce", a-t-il.

"Le 21e siècle ne sera pas un siècle européen", a pronostiqué le Premier ministre en évoquant des facteurs à la fois démographiques et géographiques "qui constituent un frein au développement du continent". "Le contient européen sera confrontée à une perte de poids relative", a-t-il enchaîné et a aussitôt tenu à relativiser ses propos en ajoutant "que cette perte de puissance ne signifie pas pour autant qu’il perdra en influence au niveau économique". En jetant son regard en arrière sur les années pré-crise financière, Jean-Claude Juncker a estimé que l’Europe était engagée en 2007 sur le bon chemin avec une inflation cantonnée et des déficits publics qui ont connu une trajectoire positive.

Selon Jean-Claude Juncker, l’éclatement de la crise financière mondiale a sonné le glas de la consolidation budgétaire dans les États membres. Dans son analyse, force est de constater qu’il fallait remplacer à l’époque "une demande privée qui était très médiocre par une demande publique pour redynamiser l’économie et qu’on s’est de nouveau tourné vers la politique".

D’après l’appréciation du professeur d’économie de l'Université de Würzburg, Peter Bofinger, il s’agit d’un moment de l’histoire qui a constitué un "tournant important de l’économie mondiale" marqué "par le remplacement de la dette privée par la dette publique". Le professeur d’économie a cependant émis des doutes quant à la capacité des ménages d’assumer de nouveau le rôle de moteur économique en Europe.

Jean-Claude Juncker a finalement mis en exergue les vertus de la monnaie unique européenne qui nous ont mis à l’abri de bouleversements plus profonds lors de la récente crise financière mondiale. "Sans l’euro, la force du deutsche mark couplée à l’effondrement d’autres monnaies européennes aurait provoqué un chaos sans précédent", a-t-il ajouté.

"L’euro est un succès et n’est pas en crise", a-t-il tenu à préciser. Les indicateurs économiques en témoignent selon Jean-Claude Juncker, qui a rappelé que l’inflation a été maîtrisée depuis l’introduction de l’euro en 1999.

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