Jean-Claude Juncker, Discours prononcé à l'occasion de la réception de Nouvel An de la FEDIL

Mister President,
Mister Speaker,
Mister honorary Prime Minister,
Ministers,
Members of Parliament,
Excellencies,
Mister De Bok.

It's true that this annual meeting of FEDIL has developed into a tradition, and so my pleasure couldn't be greater to be here tonight.

I started this presence here in the very first year of my mandate as a Prime Minister. I'm quite proud to be here for the 16th time, because 16 years ago, on this day I was a pointed Prime Minister and Jacques Santer left the country. But he did come back and so I’m happy to see him sitting here amongst us.

Last year I indicated to the audience, that the year 2010 would be a year where we would have to face major challenges. And in fact there were challenges.

We have walked through the remaining parts of the major economic crisis we experienced since World War II. And we are a little bit surprised, and were a little bit surprised by the end of last year, that the general economic performance of the European Union, of the Eurogroup was by far better than previously forecasted and expected.

We had to face a major crisis in the Euro area.

I do slightly disagree with your president – but he already indicated, that sometimes we are not sharing exactly the same views – when he was referring to the problems we were facing last year, as being a Euro-crisis and as being a currency crisis. I don't think that we do have a Euro-crisis, the Euro is a stable currency, and I don't think that we are facing a currency crisis, because the Euro today is one of the strongest, if not the strongest currency worldwide.

We have an enormous problem, because the volatility on the exchange market is extreme. Take the developments this week: last Friday we had an exchange rate towards the dollar of 1,29. Today at 6 o'clock we have one of 1,35. 6 cents per week is not reflecting a tremendous change in economic fundamentals, but is reflecting this volatility we have to cope with in a world of floating currencies.

What is at stake now, is that we have to come back to previous virtues the European Union was able of in recent years.

We started into this crisis with an average budget deficit, at the level of the Euro area of 0,7% and we've now reached an average deficit of 7%. The debt situation has worsened in a rather dramatic way, because now, at the end of last year, we were flirting with a level of 18% public debt in comparison to the GDP.

We have to make clear, mainly to those countries who are called weaker countries, that there is no other alternative than the return to the virtues of fiscal consolidation. The fact that we, in the Union and at the level of Euro area, performed rather well when it comes to economic growth, is mainly due to the fact that governments, being wiser than employers normally do think, did not accept to withdraw in the course of the year 2010 all the fiscal stimuli we had put into place at the beginning of the year 2009. Had we done so, the economic performance could not have been the one we experience.

Now we are facing at the level of the Euro area new challenges. And we have to know that this general, globalized crisis will produce as a result remaining consequences, we have to adjust to and we have to live with. That's true on both sides of the Atlantic. That's true even in the emerging markets, which are becoming more and more serious competitors we have on our radar.

The remaining consequences are that the debt crisis is still in place and that we have to attack this debt crisis with all means at our disposal and with all our instruments, in order to improve the situation, some of our member countries of the Euro area are facing.

We decided last Monday, when I was chairing the last meeting of the Eurogroup, to speed up and to put into place a comprehensive answer to the debt crisis, we are facing in European Union, and more specifically in the Euro area. We have to bring this cycle to an end. The cycle I'm describing is the one who is characterized by the fact that we were jumping from one problem into the other; that we were delivering an ad hoc answer to specific problems, but we didn't have a real comprehensive strategy.

Now we have until February, March to formulate this comprehensive, global answer and to put into place a permanent stability mechanism at the level of the Euro. And we do so, because I would like the Euro area and the policy-makers to be before the curve, instead of always trying to understand what financial markets are doing, without telling them what we do think that financial markets should do.

And these responses we are underway to deliver, will of cause produce a major impact on our domestic situation. Because Luxembourg is, although being a Grand-Duchy, not the locomotive of the economic growth in Europe, nor worldwide. And we have to make sure, that we'll adjust to the situation we are facing in new times.

So let’s turn to Luxembourg and revisit a few moments of our recent national history.

On dit souvent que le Luxembourg est un pays qui n'est plus compétitif. Et moi, je plaide depuis une année ou deux pour une politique visant à enrichir l'économie luxembourgeoise par une dose de compétitivité supplémentaire.

Il est incontestable que, sur les dernières années, nous avons perdu en compétitivité. Est-ce à dire que nous ne serions plus compétitifs ? Non, je n'aime pas cette description de notre réalité économique, tendant à accréditer la thèse que nous serions en train de perdre parce que déjà avant la crise nous aurions tout perdu.

Les Luxembourgeois, pour une raison que je n'arrive pas à comprendre, n'aiment pas les bonnes nouvelles. On est suspect lorsqu'on expose ce qui va. Et on est intarissable lorsqu'il s'agit de décrire ce qui ne va pas. Ce qui fait qu'on ne trouve plus le temps de dire comment on veut remédier à la situation qui ne va pas.

Il faut tout de même avoir à l'esprit quelques données qui devraient nous rassurer.

Nous sommes en train au niveau de l'Eurogroupe de comparer les situations compétitives entre les différents États membres qui composent cette zone monétaire, qui n'est pas une zone monétaire optimale, parce que les divergences de compétitivité sont trop grandes. Mais je constate tout de même qu'en matière de balances de paiements, nous avons 3 pays qui sont en excédant de paiements : c'est les Pays-Bas, avec 6,2 % du PIB, c'est la République fédérale allemande, en excédant de 5,9 % et c'est le Grand-Duché de Luxembourg, en excédant de 5,1 %.

Je nuance mon propos : il faut bien voir l'extraordinaire importance du centre financier, qui intervient dans la confection de ces chiffres qui se comparent favorablement aux chiffres des autres.

Mais il faut voir l'Espagne, qui a une balance de paiements négative de l'ordre de 5,2% ; la Grèce 7,5% ; le Portugal 8,8% - ce qui prouve à l'évidence que les économies qui ont perdu en compétitivité au cours des 20 dernières années, surtout la Grèce qui a perdu 25% de sa compétitivité depuis son adhésion à la zone euro, sont les pays qui aujourd'hui ont les problèmes d'endettement les plus significatifs.

Est-ce que les Luxembourgeois savent que Standard & Poor’s, l'agence de notation, a jugé il y a 3 semaines que la bonité du Luxembourg méritait un Triple-A ? Je crois qu'ils ne peuvent pas le savoir, parce que les journaux n'en ont fait pas un état suffisamment grand.

Si la bonité du Luxembourg avait été corrigée vers le bas ; si nous avions perdu un A ou un +, tout le monde le saurait. Le fait qu’une agence de notation nous accorde un Triple-A ne trouve pas mention dans les journaux luxembourgeois, même pas d'une façon convenable dans les pages économiques de ces journaux.

Dans la zone euro, nous avons seulement 6 pays qui ont un Triple-A. Je les avais réunis lundi, avant de voir les autres. Sur l'Union européenne, d'une façon plus générale, il y a 8 pays sur 27 seulement, qui ont un Triple-A. Le Luxembourg est parmi les pays qui ont la meilleure bonité. Comme le dit Standard & Poor’s, le Luxembourg a une crédibilité extrêmement forte. Les seuls à ne pas le savoir, en règle générale, sont les Luxembourgeois.

On parle beaucoup du coût du travail, qui est bien sûr un paramètre important, qu'il faut prendre en considération lorsqu'on compare les situations compétitives entre le Luxembourg et ses principaux voisins, et ses voisins directs. Le coût annuel moyen par salarié est le plus élevé au Luxembourg de tous les pays de l'Union européenne et au-delà. Le coût annuel le plus élevé par salarié.

Mais le coût horaire moyen est inférieur au coût moyen belge et français, et plus élevé que le coût horaire moyen allemand. Sauf dans le secteur de l'industrie, dans le secteur du commerce et dans le secteur de la construction, où le coût horaire luxembourgeois est inférieur au coût allemand, français et belge.

Donc, je veux bien qu'on s'amuse à nous expliquer que nous sommes en train de tout perdre et que nous sommes au bord de l'abîme, mais nous ne le sommes pas. Parce que nos fondamentaux, y compris sur ces points de comparaison que je viens de mentionner, nous distinguent d'une façon favorable.

Le coût indirect du travail est le moins élevé au Luxembourg, en comparaison aux pays avoisinants. Il y a seulement la Suède et le Danemark qui ont un coût indirect du travail moins élevé que le Luxembourg. Au Luxembourg, le coût indirect du travail représente 14 %, alors qu'en France il représente 34 % ; 20 % de plus à Zoufftgen qu'à Dudelange. Et en Allemagne, le coût indirect du travail représente 22 % ; tout de même 8% de plus qu'au Luxembourg.

La durée du travail annuelle est la plus élevée au Luxembourg de tous les pays avoisinants. J'étais ministre du Travail pendant 17 ans, j'ai toujours, en dépit de mes amitiés pour l'autre partenaire social, évité et empêché que l'on procède au Luxembourg à une réduction légale de la durée du travail.

C'est-à-dire que toute comparaison en matière de compétitivité doit englober tous les éléments, et non pas seulement la perte relative de la compétitivité sur les 10 dernières années, qui est sérieuse et qui nous oblige à réagir et à améliorer la compétitivité de notre économie.

On me dit, le gouvernement ne réagit pas à temps, n'est jamais là lorsqu'on a besoin de lui, mais Monsieur De Bok vous a dit que le gouvernement luxembourgeois finalement, à comparer son action avec celle des autres, figure parmi les gouvernements qui font ce qu'ils ont dû faire, et donc que, sur certains points, notamment en matière de recherche, de développement et d'innovation, nous sommes parmi les meilleurs en Europe.

Et nous sommes en train de consolider nos finances publiques. L'année passée je vous avais dressé un tableau assez noir, tout comme Monsieur Dennewald, de la situation de nos finances publiques. Mais en 2010 l'évolution des finances publiques fut meilleure que celle que nous avions prévue. Ce qui est dû, bien sûr à la reprise économique qui n'est pas un événement qui aurait pour seule origine les performances luxembourgeoises, mais qui est largement tributaire de l'évolution du commerce et de l'économie mondiale.

Tout de même, les chiffres budgétaires que nous avons entre les mains, donc l'exécution budgétaire, prouvent que nous n'avons pas réussi à avoir le déficit que nous avions prévu et escompté.

Le budget 2011, par rapport à l'exécution probable du budget 2010, accuse une augmentation des dépenses de 1,9 %. Comme nous devons partir de l'idée que l'inflation gravitera probablement autour des 2 % en 2011, l'augmentation réelle du budget pour 2011 est zéro. C'est la première fois depuis des décennies que le Luxembourg peut présenter un budget qui ne se distingue pas par une augmentation réelle et effective des dépenses.

Parfois, j'entends dans les milieux, qui doivent être les vôtres, que le gouvernement aurait réalisé pour seule économie budgétaire une correction vers le bas du niveau des budgets d'investissement. Ce n'est pas vrai.

Le Luxembourg investit en 2011 1,7 milliard. C'est la part la plus élevée de tous les investissements publics en Europe, par rapport au PIB. C'est un budget élevé de 280 millions de plus que le budget d'investissement déjà très élevé de l'année de récession 2009. C'est un léger moins de 100 millions par rapport à l'exécution probable du budget 2010, où les mesures de relance, que nous avions décidées en 2009, ont connu leur plein essor.

Donc, en 2009 la récession au Luxembourg est de 3,7 %, en 2011 l'augmentation de la croissance économique sera de 3 %.

Lorsque l'économie se développe bien, on peut en fait, du point de vue des pouvoirs publics, prévoir moins d'investissements qu'en période récessionniste. Mais en période de croissance économique relativement forte, en 2010 et surtout 2011, nous réalisons un budget d'investissement qui dépasse en volume le budget d'investissement qui fut celui de 2009.

C'est-à-dire que la consolidation budgétaire n'est pas une consolidation neutre, ni aveugle, mais elle essayait, en dépit de toutes les difficultés, de tenir compte des véritables exigences économiques qui sont celles qui caractérisent notre situation.

Nous restons bien sûr inquiets, parce que le chômage se développe à une allure qui est inquiétante.

Entre 2008 et 2009, nous avons un plus, en termes de chômage, de 50 %. Sur la même période, le chômage de longue durée augmente de 67 %. Nous étions habitués à un taux de chômage qui correspondait au plein emploi, puisque le taux de chômage était de 2,7 % entre 1985 et 2009, c'est exactement la période où j'étais votre ministre du Travail, alors que maintenant il est de 6,1 %.

Le ministre Schmit n'est pas responsable de cette augmentation de chômage. Il n'est pas non plus responsable du fait que l'emploi s'est accru de 1 % en 2009 et de 1,8 % en 2010. Une économie dont on me dit qu'elle n'est pas compétitive, une économie dont on me dit qu'elle est en perte de vitesse, en pleine récession, créée 1 % d'emploi nouveau en 2009 et en 1,8 % 2010, première année d'une reprise économique notable.

J'ai entendu Brüderle expliquer à son public allemand, qu'il y a un seul pays en Europe qui progresse de plus de 3% en termes de croissance, que c'était l'Allemagne : « Deutschland geht mit Siebenmeilenstiefeln vor und die Anderen folgen uns im Gänseschritt. »

Enfin, la petite oie luxembourgeoise n'est pas très loin derrière le géant allemand, qui explique que l'économie allemande était la seule qui avait plus d'emploi à la sortie de la crise qu'au début de la crise. Le Luxembourg a une bien meilleure performance en termes de création d'emploi que le géant allemand. Et donc, il ne faudrait pas que, devant les quelques succès qui sont les nôtres, nous continuions à nous dire que rien ne va et que tout aille mal. Ce n'est pas vrai.

Mais il y a énormément de problèmes qui sont bien sûr devant nous. Je ne mentionnerai pas ici l'inflation, puisque je ne crois pas qu'il y aura une très forte remontée de l'inflation en 2011, bien que les performances luxembourgeoises sont des plus regrettables sur ce point. Nous accumulons année après année des contre-performances en matière d'inflation. Nous sommes à 2,8 % à l'heure où je vous parle, et le fait que la Belgique soit à 3,2 % n'est qu'une maigre consolation, mais dénote pour le reste que même en termes d'inflation, les performances luxembourgeoises ne sont pas toutes plus mauvaises que dans les pays avoisinants.

Devant cette perspective d'une remontée probable des prix de l'énergie, j'avais essayé d'amener les partenaires sociaux à un accord sur l'indexation automatique des salaires au sein du comité de coordination tripartite. Ce ne fut pas possible, ce n'était pas faisable, parce que gouvernement, patrons et syndicats divergent fortement en termes d'analyse. Ce qui m'obligea à inventer quelque chose dont je ne savais pas jusqu'au moment de la création qu'elles existaient, c'est les bipartites.

J'avais dit à cette tribune que les réunions tripartites de l'an 2010 se dérouleraient à la luxembourgeoise. J'avais dit, vociférations au début, applaudissements à la fin. Je dois dire que j'ai entendu plus de vociférations que d'applaudissements en 2010, puisqu'il était extrêmement difficile de réunir les partenaires sociaux et le gouvernement sur une même plage commune d'analyse.

Toujours est-il que les 2 tripartites ont produit des résultats sectoriels, meilleurs que dans les pays où la consolidation sociale n'a pas atteint le niveau luxembourgeois. Et devant la perspective, disais-je, de la remontée probable des prix de l'énergie, qui était prévisible, nos avons pu amener les syndicats à se mettre d'accord avec le gouvernement sur une modulation de l'échéance des tranches indiciaires. Si nous n'avions pas engagé une réflexion avec les syndicats, seuls et sans les patrons, sur l'indexation des salaires, nous ne serions arrivés à aucun résultat, parce que les partenaires sociaux, pour des raisons qui m'échappent, se regardaient pendant 12 mois en chiens de faïence et n'arrivaient pas à se parler convenablement.

Donc, il fallait séparer les belligérants et chercher des accords sectoriels dans un format bipartite, que je n'aime pas, parce que je trouve anormal que nous ne soyons plus à même à nous parler convenablement au Luxembourg, entre gens responsables, pour trouver des accords qui ont fait le bonheur économique et social de ce pays par le passé.

Si les syndicats avaient persisté dans leur attitude, qui fut celle pendant les réunions tripartites, de ne pas être d'accord pour changer, ne fût ce qu'une virgule et un millimètre de la législation sur l'indexation, nous serions en situation de devoir payer [inaudible]. Et monsieur Frieden, comme ministre des Finances, devrait payer une tranche indiciaire en mai, en juin ou en juillet. L'accord que nous avons avec les syndicats permet de retarder l'échéance de la tranche indiciaire à octobre.

Je le dis pour tous ceux qui ont dit que, finalement, cet accord-là entre syndicats et gouvernement, ce n'était rien du tout, ça ne valait rien, que de toute façon la tranche indiciaire était prévue pour septembre, et la remettre à octobre n'était pas un art de gouverner des plus développés.

Nous gagnons 3 ou 4 mois sur l'année 2011 en termes de coût du travail, en termes de masse salariale.

Donc, cet accord prouve qu'il y avait de bonnes raisons pour le conclure et pour le conclure de la façon dont nous l'avons conclu.

Mais nous étions aussi à même de trouver un arrangement, si j'ose dire, avec nos amis du patronat. Je suis d'accord avec Robert Dennewald lorsqu'il dit, les éléments structurels ne sont pas très nombreux, c'est plutôt une "compensation" qui est offerte aux entreprises luxembourgeoises sur l'année 2011, et c'est vrai. Toujours est-il qu’il n’y aura aucune augmentation du coût indirect du travail en 2011, ni même en 2012. Et le gouvernement a pris l'engagement de ne pas augmenter les cotisations sociales d'ici à la fin de la législative.

Nous avons pris sur nous de ne pas déplafonner les cotisations sociales, grande crainte de nombre d'entreprises luxembourgeoises.

Et finalement, nous avons proposé, et les entreprises étaient d'accord, d’augmenter la part du financement public dans les régimes de formation continue dans les entreprises. À l'heure où nous sommes, le budget de l'État concourt pour 14,5 % aux coûts de la formation continue dans les entreprises. Nous allons augmenter ce niveau d'intervention d'aide publique jusqu'à 25 %.

On me dit, on m'écrit, le gouvernement nage dans l'argent, il donne 20 millions au patronat, est-ce que nous sommes en crise ? Est-ce que nous avons in problème budgétaire ? Oui, nous sommes en crise, oui, nous avons un problème budgétaire, mais nous avons aussi un problème compétitif, non seulement au niveau des entreprises, mais aussi au niveau des salariés et des travailleurs.

Est-ce une dépense vaine, une dépense futile de prendre en main 20 millions d'euros pour concourir au financement du coût des politiques de formation continue offerte par les entreprises ? N’est-ce pas un investissement dans la compétitivité des travailleurs ? N'est-ce pas une politique planificatrice d'avenir ? N'avons-nous pas de raisons pour amender les piètres résultats de notre système éducatif, en essayant de tout faire pour former ceux qui travaillent déjà ? N'est-ce pas un argument fort, que de dire, qu'au moment où nous devons absolument réformer nos régimes de pension, où nous n'allons pas augmenter l'âge du départ à la retraite, mais où nous devons tenir compte de l'allongement de la durée de la vie, d'aider les entreprises à mieux former ceux qui sont plus âgés et ceux qui ont dépassé l'âge de 45-50 années, qui perdent leur emploi, qui sont expulsés du circuit productif économique ?

Tant que nous n'aurons pas un taux d'emploi convenable entre 53 et 60 ans, il n'est pas question d'augmenter l'âge du départ à la retraite. Mais il faut tout faire, dans un effort commun, pour mieux cibler les politiques de formation continue sur les travailleurs les plus âgés, sur les travailleurs les moins qualifiés, pour qu'ils gardent une chance sur le marché de l'emploi et pour que les entreprises puissent prendre appui sur des salariés bien formés, qui ont été formés par les entreprises elles-mêmes. Et l'État accompagne cet effort de formation continue par une rallonge budgétaire supplémentaire qui coute de l'argent, mais qui permet beaucoup de choses, si nous voulons toujours faire des choses ensemble.

Le paquet que nous avons négocié avec le patronat prévoit également que le ministre Nicolas Schmit propose un système d'organisation du temps de travail qui tient mieux compte des spécificités saisonnières des différentes entreprises. Dans le cadre, bien sûr, de la législation telle qu'elle est, à moins qu'on ne trouve un accord à 3 sur des amendements à apporter à la législation sur l'organisation du travail. Mais c'est un point important dont on parle très peu, celui d'essayer de trouver un terrain d'entente sur la réorganisation du temps de travail pour les entreprises, dites saisonnières.

Nous sommes convenus, et les dirigeants des grandes organisations patronales y ont beaucoup insisté, d'accélérer les réformes en matière de simplification administrative, notamment en ce qui concerne la législation sur les établissements classés et la législation sur l'aménagement communal, qui doivent être finalisées pour la mi-juillet. Et la classification des établissements classés, la nomenclature des établissements classés, qui s'opérera via règlement grand-ducal, sera opérationnelle, je le promets ici, pour le 15 mars de l'année en cours. Parce que, sur ces points-là, où nous sommes maîtres de notre destin, nous pouvons agir avec la célérité que nous imposons à nous-mêmes et nous ne souffrons pas de lenteurs qui nous seraient dictées par d'autres.

Je voudrais dire un mot sur les rêves que je caresse pour l'année nouvelle.

Je voudrais que le Luxembourg retrouve le chemin du bon sens. Nous avions développé entre nous au plein milieu de la crise sidérurgique des formes de dialogue qui furent conclusives.

Mais ce fut une crise sectorielle, qui concernait le moins grand nombre des travailleurs et qui affectait nombre d'autres secteurs. Enfin, c'était une crise qu'on arrivait à situer, à délimiter par rapport à d'autres segments de l'économie.

Cette fois-ci, l'économie entière est en crise, non seulement l'économie luxembourgeoise, mais aussi l'économie européenne, l'économie mondiale, et il est curieux de voir que, soudainement, parce que nous sommes devenus plus rigoureux, parce que nous n'avons plus d'a priori, parce que nous n'avons plus de positions ex ante, nous sommes parvenus à un niveau de dialogue qui est un non-dialogue.

Je voudrais exhorter, le gouvernement d'abord, les grandes organisations syndicales et le patronat luxembourgeois de retrouver le chemin du dialogue civilisé et responsable.

Il ne faut pas croire que les autres nous aideraient à retrouver le chemin de la croissance. Il ne faut pas croire que nous seuls pourrions être les bénéficiaires des politiques des autres.

Nous sommes bien sûr les victimes et les bénéficiaires des politiques des autres, mais ce que nous pouvons faire nous-mêmes, là où nous n'avons besoin d'aucune aide extérieure, là où nous nous dictons notre propre rythme, là où nous nous dictons notre propre profil, retrouvons le chemin du bon sens, et retravaillons ensemble avec cette volonté, qui fut toujours luxembourgeoise, de montrer que nous pouvons être meilleurs que les autres si nous le voulons. Parce que nous pouvons faire beaucoup de choses, si nous le voulons.

Merci.

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