Déclaration du gouvernement sur la situation économique, sociale et financière du pays 2018

"Faire bouger le Luxembourg"

Le Premier ministre, ministre d'État, Xavier Bettel, a prononcé le 24 avril 2018, à la Chambre des députés, la déclaration du gouvernement sur la situation économique, sociale et financière du pays 2018.

Le discours a été prononcé en luxembourgeois.

 

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Traduction française du discours luxembourgeois

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Le discours sur l’état de la nation s’inscrit cette année dans un contexte particulier. C’est un contexte particulier parce que nous sommes en fin de législature.

À l’automne, nous élirons une nouvelle Chambre des députés. Nous sommes dans une année électorale, et c’est là un rendez-vous important pour toute démocratie.

Durant les mois précédant l’échéance électorale, les différents partis se positionnent et élaborent leurs programmes et priorités. L’enjeu, c’est notre pays. Il s’agit de définir la manière dont nous entendons organiser notre pays. Il s’agit de notre passé et de notre avenir.

L’enjeu, ce sont les centaines de milliers de personnes qui vivent, habitent et travaillent dans notre pays. Ce sont les familles, les enfants d’aujourd’hui et ceux de demain. De plus, c’est la question de savoir qui sera appelé à assumer les responsabilités au cours des prochaines années.

C’est pourquoi les différents partis sont occupés à élaborer dans leurs bureaux non seulement les meilleures idées pour notre pays, mais encore les meilleures stratégies pour la campagne électorale.

Chacun s’efforce de trouver les moyens appropriés pour convaincre le public, les électeurs, de ses propres idées.

Cet après-midi et dans les jours qui viennent, c’est également l’avenir du Luxembourg qui nous intéresse. Nous discuterons de la situation d’aujourd’hui et du modèle de demain. Nous n’avons pas tous le même avis dans cette enceinte et il faut s’attendre à ce que, cette fois-ci, le débat voie s’accentuer les divergences de vues.

Nous sommes dans une année électorale. C’est pourquoi la plupart ont d’ores et déjà fait leur choix quant à l’appréciation, globale ou partielle, de la situation telle qu’elle se présente aujourd’hui. Tant les partis de la majorité que l’opposition ont préparé bien à l’avance les discours qu’ils prononceront en séance plénière dans cette enceinte et les déclarations qu’ils feront à la presse.

Chacun n’attend plus qu’à pouvoir appuyer sur le bouton "Envoyer", en espérant que ses propos atteindront le grand public.

Il reste toutefois que dans ce monde, il ne faut pas s’intéresser seulement à ce qui se dit, mais également aux faits. Il ne faut pas s’intéresser uniquement à la question de savoir qui a communiqué quoi dans quel contexte, mais il faut s’intéresser aux réalités – à la situation réelle – à l’état de la nation.

Nous avons un objectif commun. Il est en effet une chose qui nous unit par-delà les différences entre partis: l’attachement à notre pays et la volonté de tout faire pour préserver et améliorer la qualité de vie de nos concitoyens.

C’est pourquoi nous devons faire preuve de sincérité envers nous-mêmes et envers les gens qui nous ont accordé leur confiance lors des dernières élections. Nous ne devons pas noircir la situation, ni fermer les yeux face aux défis qui nous attendent.

Nous pouvons prendre le pouls, constater que le Luxembourg se porte bien, et identifier tout de même des risques. Nous devons prendre au sérieux toutes les inquiétudes, grandes et petites, et nous avons l’obligation de nous occuper également des objectifs concernant l’avenir lointain.

Au cours de cette législature, le Luxembourg a connu une évolution favorable. Les faits, c’est-à-dire les chiffres bruts, sont là pour le prouver. Actuellement, le thermomètre utilisé à l’échelle internationale pour mesurer la qualité du développement des différents pays, indique, au Luxembourg, surtout des valeurs positives. En 2018, le Luxembourg est un pays en parfaite santé, qui est bien préparé pour affronter l’avenir.

Parmi les paramètres objectifs qui l’étayent, il faut citer les finances publiques.

En décembre 2013, la situation était tendue et le gouvernement s’était fixé comme objectifs de ralentir la spirale de la dette et de réduire le déficit.

Nous nous sommes mis d’accord sur une nouvelle politique fiscale, sur une clarté et une transparence accrues et sur des mesures permettant de combler le trou énorme dû à la perte de la TVA sur le commerce électronique – trou correspondant pour l’année passée à environ un milliard d’euros. Cette situation plutôt défavorable des finances publiques constituait en décembre 2013 un défi considérable. Je me rappelle très bien que le secteur financier s’inquiétait parce que certaines agences commençaient à avoir des doutes quant à la notation triple A du Luxembourg – notation dont la signification ne se limite certainement pas à une suite quelconque de trois lettres. Il s’agit en fait d’une certification indispensable pour notre place financière et l’économie luxembourgeoise dans son ensemble.

Le gouvernement était donc contraint d’agir, même si c’était gênant à l’époque. 

L’État lui-même a réalisé des économies, les dépenses ont fait l’objet d’une révision et de nouvelles recettes ont été introduites. Pour ces mesures, il y avait un prix politique à payer, et nous aurions préféré les éviter. Cependant, nous n’avions pas le choix. 

Je ne regrette pas que nous ayons choisi la voie, plus cahoteuse, de l’effort. Les résultats prouvent en effet que le pavé ne nous a pas empêchés de bien avancer.

“Pour 2017, l’excédent de l’ensemble des finances publiques est de 858 millions d’euros, soit +1,5% du PIB.”

C’est là un résultat excellent, qui s’explique avant tout par les résultats presque spectaculaires au niveau de l’administration centrale, où nous avons réussi tout au long de la législature à dépasser les prévisions fixées dans le budget. Pour 2017, cela signifie que le déficit de l’administration centrale est à présent de 220 millions d’euros, soit un chiffre inférieur de 819 millions d’euros aux prévisions figurant dans le budget 2017.

Et ce, malgré un niveau déjà élevé des investissements, que nous avons non seulement maintenu, mais que nous avons même augmenté. Nous constatons aujourd’hui que nous maîtrisons non seulement les dépenses de l’Etat, mais qu’en plus, les recettes ont connu une évolution plus favorable que prévu au début de la législature.

Il s’ensuit que le solde structurel souvent évoqué dans ce contexte s’élève, pour l’année passée, à +2,2% du PIB – chiffre qui dépasse de loin l’objectif à moyen terme (OMT) de -0,5%, que les règles européennes nous obligent à respecter.

Ces résultats créent également une nouvelle situation pour cette année, pour laquelle nous nous attendons actuellement, au niveau de l’administration centrale, à un déficit nettement inférieur aux prévisions du budget 2018. Pour l’année en cours, l’excédent de l’ensemble des finances publiques s’élèverait ainsi à quelque 647 millions d’euros, soit +1,1% du PIB.

“Ce sont là des résultats comme le Luxembourg n’en a pas connu depuis longtemps et qui font de nous l’un des élèves modèles de l’Union européenne en matière de finances publiques."

Cependant, le plus important, c’est que cette évolution favorable continue.

Au cours des prochaines années, notre dette publique continuera de baisser progressivement, non seulement en pourcentage du PIB, mais, au plus tard à partir de 2021, aussi en chiffres absolus. Le gouvernement précédent s’attendait à une dette publique frôlant les 30% et on était d’avis que l’effet conjugué de la perte des recettes du commerce électronique et d’autres évolutions ne permettrait pas d’y changer grand-chose. Aujourd’hui, le taux s’élève à 23% du PIB – taux inférieur au niveau atteint fin 2013 – et nous nous attendons à ce que dans quatre ans, il passe même sous la barre des 20%. 

 “Si donc on continue à pratiquer une politique prévoyante, on peut envisager l’avenir avec confiance.”

Avec le Fonds souverain intergénérationnel, le gouvernement a en plus créé un filet de sécurité pour faire face à des évolutions imprévues. C’est une réserve – une réserve pour l’avenir et la génération à venir. Actuellement, ce fonds s’élève déjà à un quart de milliard d’euros.

La politique et le gouvernement n’ont pas pour objectif premier l’équilibre budgétaire, en se contentant de comparer recettes et dépenses, néanmoins, la responsabilité envers nos enfants nous oblige à maîtriser les finances publiques tout en investissant dans l’avenir. Or, c’était là – c’était surtout là – un des premiers objectifs de ce gouvernement, et je suis fier que nous l’ayons atteint.

Rien que cette année, nous investissons quelque 2,4 milliards d’euros dans l’avenir, nous investissons directement dans les infrastructures, la mobilité et la construction de logements. Si l’État continue d’investir pour rendre plus efficace le fonctionnement de notre pays, pour rendre plus performantes la fonction publique et l’administration et pour proposer un meilleur service aux citoyens, il s’agit là encore d’un investissement nécessaire et approprié dans l’attractivité du Luxembourg. Ce sont des investissements dans la qualité des services, dans la sécurité et dans la durabilité. Si presque un euro sur deux, soit cette année 11,7 milliards d’euros, est destiné aux prestations sociales, à la sécurité sociale et à des transferts de revenus, il ne s’agit pas là d’une simple dépense, mais d’un investissement dans la qualité de vie, dans la santé et aussi dans la solidarité.

Nous avons réussi à faire le grand écart en garantissant un niveau des investissements historiquement élevé tout en rétablissant l’équilibre budgétaire. Quant à la nette hausse du côté des recettes au cours de cette législature, elle s’explique surtout par l’évolution favorable de la place financière, qui, restant un pilier important de notre économie, est aujourd’hui forte et bien positionnée. Je me rappelle qu’il y a quatre ans, l’ambiance y était différente et qu’en 2014 notre pays a vécu des moments désagréables. Dans le passé, on avait élaboré des modèles qui, au cours des dernières années, ont nui à notre réputation. Avec les publications LuxLeaks, le lait que nous avions bu des années durant, a soudain débordé, salissant la cuisine entière. Depuis lors, beaucoup a changé et, tant dans le domaine de la politique fiscale qu’au niveau de l’orientation économique générale, notre pays est sorti des sentiers battus. 

Au cours des quatre dernières années, nous avons fait beaucoup d’efforts pour créer plus de transparence et sortir le Luxembourg des coins sombres en le faisant rayer des listes grises et noires. Notre situation actuelle nous vaut d’être à nouveau reconnus pour nos compétences, pour notre savoir-faire, pour la bonne qualité des instances publiques, pour la proximité des organes de décision et, surtout, pour la stabilité et la prévisibilité politiques que nous connaissons.

Aujourd’hui, notre place financière est non seulement plus transparente, mais aussi plus performante qu’au début de cette législature.

Cependant, le Luxembourg a également connu une évolution considérable dans d’autres secteurs économiques et bénéficie aujourd’hui de nouvelles activités très efficaces. Or, le fait que cette situation soit possible n’est pas le fruit du hasard.

Durant les dernières années et décennies, toute une série de bonnes décisions ont été prises, décisions qui ont permis à notre pays de maintenir sa place dans un environnement international devenu plus concurrentiel. C’est ainsi qu’il y a plus de dix ans, on a pris par exemple une bonne décision en investissant massivement dans la connectivité du pays. De même, on a pris une bonne décision en menant une politique fiscale prudente, qui a permis d’assurer l’attractivité du pays, tout comme il était judicieux de développer de nouveaux secteurs et de promouvoir la diversification économique. De plus, la création de l’université du Luxembourg et le renforcement de la recherche ont contribué à la place que nous occupons actuellement dans des domaines comme la biomédecine et les écotechnologies. 

Après 2014, le gouvernement a continué à investir massivement dans ces secteurs et à promouvoir leur développement. C’est à bon escient que nous avons massivement renforcé les moyens budgétaires dans tous les domaines de la recherche et de la formation. Rien que dans l’ensemble du secteur de l’éducation et de la garde des enfants, l’enveloppe est passée, au cours des quatre dernières années, de 1,7 à plus de 2,2 milliards d’euros – soit un montant supplémentaire de 500 millions d’euros par an consacrés aux enfants et aux jeunes, qui marqueront et façonneront l’avenir de notre pays. Ce sont là des investissements extrêmement importants, rendus possibles uniquement par une gestion budgétaire prudente, prévoyante et menée avec bon sens.

Au cours des quatre dernières années, les bonnes décisions ont été prises dans le domaine des finances publiques. Dans ce contexte, il est un point fondamental sur lequel je suis entièrement d’accord avec mon prédécesseur au ministère d’État: s’il est vrai que l’on peut débattre des prévisions pour les années à venir, les résultats des années passées sont, quant à eux, ce qu’ils sont.

Pour les finances publiques, le résultat est, objectivement parlant, favorable.

 

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Sur le plan financier, le Luxembourg se porte bien.

La situation du pays est comparable à celle d’un ménage: on est plus libre, on est plus rassuré et on se sent plus en sécurité si l’on sait que les finances sont saines, si l’on sait qu’on peut organiser sa vie selon ses choix, qu’on peut offrir à ses enfants ce dont ils ont besoin, et qu’on arrive malgré tout à joindre les deux bouts à la fin du mois.

Cependant, cela ne veut pas dire qu’on n’est pas confronté dans la vie quotidienne à d’autres défis ou difficultés. De même, cela ne veut pas dire qu’on peut être certain que cette situation perdurera.

Il en va de même pour l’État. Des défis considérables nous attendent et nous obligent à penser non seulement à demain, mais aussi à après-demain.

Depuis décembre 2013, d’importantes réformes ont été mises en œuvre dans ce pays. Ce n’est pas le moment de dresser un bilan complet des quatre dernières années, ni de se féliciter soi-même.

C’est le moment d’expliquer et d’évoquer, dans différents domaines, la situation que nous connaissions, notre situation actuelle et l’objectif que nous pouvons – ou que nous devons – atteindre.

Dans ce discours, je ne ferai certainement pas une présentation détaillée de chaque élément. Il y aura cette année, dans le cadre du semestre européen, encore différents débats sectoriels. C’est là que nous discuterons des mesures concrètes et des objectifs des années à venir.

Je voudrais toutefois examiner certaines réalités, parce qu’elles sont fondamentales pour le développement du pays et pour notre société.

Il y a eu notamment un changement dans l’approche face aux enfants et aux familles. Nous avons attaché une grande importance à l’autonomie et à l’indépendance des parents, du père et de la mère, et aux perspectives d’avenir des enfants.

Notre objectif suprême, c’est d’offrir aux enfants les meilleures chances de réussir leur vie, et d’offrir ces chances à tous les enfants, quelle que soit leur situation sociale ou financière, qu’ils soient ou non issus d’une famille monoparentale et quel que soit leur bagage culturel ou linguistique.

“Les enfants qui nous sont indifférents seront des adultes indifférents.”

C’est ainsi que nous avons, de tout notre cœur, fait beaucoup d’efforts pour offrir dès aujourd’hui aux adultes de demain ce dont ils ont besoin, c’est-à-dire surtout la possibilité de passer du temps avec ceux à qui ils sont attachés le plus, à savoir leurs parents.

Dans notre pays, les réformes mises en œuvre dans le domaine de la politique familiale ont surtout permis aux enfants et aux parents de passer plus de temps ensemble qu’en 2013. Tant le nouveau congé parental, plus flexible et attrayant, que la réforme des congés extraordinaires nous permettent aujourd’hui de mieux répondre aux besoins des familles qu’avant. Aujourd’hui, le nombre de pères bénéficiant du congé parental égale presque le nombre de mères qui en bénéficient.

L’année passée, le nombre de demandes a augmenté de 70%. Du côté des pères, la hausse était même de + 190%.

Au total, le nombre de mères et de pères ayant introduit une demande de congé parental a augmenté en 2017 de 4.122. Selon une étude récente de TNS Ilres, 98% des gens sont plus que satisfaits de l’offre actuelle.

Or, étant d’avis que ce n’est pas assez, nous voulons offrir plus aux parents et aux enfants. Le gouvernement entend ainsi mener un débat sur une mesure supplémentaire à prendre.

“Nous proposons de continuer à développer la flexibilité et d’élaborer des modèles où le temps de travail et le temps passé en famille puissent se compléter de manière optimale.”

L’État doit créer des conditions permettant aux entreprises et aux salariés de s’accorder plus facilement sur de nouvelles formes d'aménagement du temps de travail. Nous entendons créer un cadre légal permettant aux jeunes mères et pères de passer au quotidien le plus de temps possible avec leurs enfants, sans pour autant compromettre leurs perspectives professionnelles ou la productivité de l’entreprise.

C’est là certes un défi, mais un défi réaliste, dont le financement est possible, et ce, parce que notre gestion passée nous permet de disposer des moyens financiers nécessaires.

L’école a changé et continue de changer. Adapter notre système d’éducation et tenir compte des changements au sein de la société constitue dès lors un défi considérable et s’inscrit dans un processus permanent. L’école n’est pas un lieu d’idéologie, mais un lieu de liberté, d’autonomie et de justice.

Le système d’enseignement a été amélioré au cours des dernières années et nous avons mis en œuvre des réformes rapprochant l’école des réalités et lui permettant de mieux répondre aux exigences.

Dans notre système d’enseignement, il y a par exemple un domaine où des efforts continus ont été faits parce que c’était absolument nécessaire: c’est le domaine de la formation professionnelle.

Le gouvernement a progressivement adapté le système en le rendant plus praticable – en collaboration avec nos partenaires, avec les chambres professionnelles, les syndicats et les lycées.

Cependant, il ne faut, une fois de plus, pas s’arrêter là, il faut continuer à œuvrer pour que la formation professionnelle devienne, dans notre système d’enseignement, une option équivalente aux autres et pour qu’elle soit synonyme de perspectives. Nous construisons des escaliers que les gens peuvent monter, et ce jusqu’à l’enseignement supérieur.

Du Certificat de capacité professionnelle, c’est-à-dire du CCP, au master en passant par le brevet de maîtrise, le diplôme de technicien ou le BTS. La formation professionnelle devient ainsi une possibilité parmi d’autres d’obtenir des diplômes de niveau plus élevé. 

Afin de revaloriser davantage la formation professionnelle, le ministre de l’Éducation nationale déposera avant la fin de la législature un projet-pilote permettant aux élèves d’obtenir, parallèlement au diplôme de fin d’études secondaires de l’enseignement secondaire général, un second diplôme de formation professionnelle.

Grâce à cette mesure, toutes les options resteront ouvertes aux jeunes concernés. Se lancer dans une activité professionnelle, poursuivre ses études, reprendre son activité professionnelle après les études ou se préparer à la reprise d’une entreprise. 

Ensemble, nous parviendrons ainsi à refaire progressivement de la formation professionnelle ce que nous voulons tous: une formation offrant des perspectives à tous les jeunes tout en permettant aux entreprises de recruter des professionnels disposant d’une solide formation.

De plus, notre école est devenue plus inclusive au cours des dernières années.

Les lieux où on séparait sont devenus des lieux où on réunit. Cela vaut pour le nouveau cours «Vie et société», qui réunit aujourd’hui tous les élèves au sein d’un même cours. Cela vaut également pour les élèves qui ont une langue maternelle autre que le luxembourgeois. D’ici à la fin de la législature, nous aurons ouvert à Differdange, Esch, Clervaux, Mondorf et Junglinster cinq nouvelles écoles proposant des offres d’enseignement européen.

Notre offre scolaire s’est diversifiée. C’est ainsi que six nouvelles sections ont été créées dans l’enseignement secondaire classique et dans l’enseignement secondaire général.

De plus, notre enseignement est devenu plus autonome. Nous donnons aux acteurs sur le terrain la possibilité de définir eux-mêmes des modèles.

Notre enseignement est également devenu plus moderne. Nous avons fait un bond vers le numérique. En outre, notre enseignement est à la fin de cette législature plus social et plus socialement responsable.

Dans les semaines à venir, la réforme de l’EDIFF sera votée dans cette enceinte et, rien que cette année, plus de 150 postes ont été créés pour assurer la prise en charge psychologique et socio-éducative d’enfants et de jeunes. La gratuité de la garde des enfants a été introduite à raison de vingt heures hebdomadaires et, lors de la prochaine rentrée, les manuels scolaires ne pèseront plus sur le budget familial.

Les étapes importantes et absolument nécessaires ont été franchies et, pour les années à venir, il y a à notre avis une condition essentielle à respecter.

C’est de garder notre calme en donnant aux enseignants le temps de se concentrer sur les enfants.

Parallèlement, il est nécessaire, permis et indiqué de continuer de veiller à assurer le suivi des projets mis en œuvre et achevés.

Il faut que nous soyons honnêtes avec nous-mêmes. Cela vaut également pour l’implantation d’activités économiques au Luxembourg et l’avenir de l’économie dans son ensemble. Le numérique a aujourd’hui un impact énorme sur notre mode de vie, sur nos formes de communication et sur nos méthodes et nos lieux de travail. Cette évolution ira en s’intensifiant au cours des années à venir. 

En tant qu’État membre de l’Union européenne, en tant qu’économie ouverte et en tant que pays dont les ressources naturelles et la surface sont limitées, le Luxembourg doit absolument veiller à compter dans ce domaine parmi les acteurs et non parmi les suiveurs. Nous avons besoin d’investissements étrangers parce que nous ne sommes pas en mesure de générer nous-mêmes, au Luxembourg, le volume d’investissements nécessaire pour garantir et créer nous-mêmes des emplois.

Il faut donc que nous soyons attrayants. L’ensemble de notre modèle social, notre développement, la durabilité de celui-ci et notre qualité de vie dépendent de l’orientation économique que nous adopterons dans les années à venir.

Poursuivant d’une part dans la voie tracée antérieurement, le gouvernement a d’autre part fait adopter une réorientation complète de notre économie. De bons choix ont été faits dès avant 2013. Les investissements dans la connectivité, la création d’entreprises dans le domaine des centres de données, la création d’instituts de recherche comme le LIST, le LIH ou le LISER ou encore le projet de centre logistique sont autant d’exemples d’une politique économique qui porte toujours ses fruits. Cependant, l’évolution de notre environnement, qui a connu une profonde mutation et subit l’impact de développements géopolitiques, a rendu nécessaires des changements. Coincés entre la Chine et la Russie d’une part et les USA de l’autre, nous sommes concurrents de nos partenaires; de plus, en raison du Brexit, un important allié pour ce qui est du secteur financier a été affaibli. Nous avons construit et développé de nouvelles alliances. Notamment avec l’Irlande. Nos relations avec d’autres pays, dont l’Estonie, ont été renforcées et, aujourd’hui, nos voisins immédiats ont eux aussi une attitude très favorable envers le Luxembourg. Cela n’a pas toujours été le cas dans la même mesure qu’aujourd’hui. Au cours de cette législature, la promotion du Luxembourg a été systématiquement innovée. Nous avons mis au point une démarche de nation branding qui va beaucoup plus loin que la promotion purement économique et qui fait d’ores et déjà partie intégrante de la manière dont nous nous présentons à l’étranger. En même temps, nous nous sommes penchés sur les modalités, la structure, la coordination et la stratégie de cette promotion. 

Il existe aujourd’hui une coordination entre les ministères, entre les acteurs publics et privés, et nous disposons, avec Luxinnovation, d’une agence centrale où nous assurons le développement des différents secteurs et où nous remplissons notre boîte à outils afin de pouvoir positionner le Luxembourg de manière professionnelle sur la carte des entreprises. Au cours des quatre dernières années, le ministre de l’Économie et l’ensemble du gouvernement ont, avec beaucoup de succès, attiré de nouvelles entreprises au Luxembourg et fidélisé les entreprises implantées dans notre pays. Google n’est pas la seule société à se prononcer pour le Luxembourg et à vouloir élaborer un projet concret dans notre pays, il y a d’autres exemples: il y a Amazon, qui a revu à la hausse ses effectifs, il y a Ferrero, qui construit un nouveau siège au Luxembourg, il y a ArcelorMittal, qui se prononce clairement pour le Luxembourg en construisant un nouveau bâtiment pour son siège social, il y a Goodyear ou DuPont, qui ont annoncé qu’ils poursuivront leurs investissements au Luxembourg.

Or, cette démarche ne fonctionne que parce qu’on a pris les bonnes décisions pour maintenir l’attractivité du Luxembourg. Elle fonctionne en raison de la qualité du lien avec les décideurs, en raison de la stabilité et de la sécurité financière qui caractérisent le Luxembourg, en raison de la qualité de vie élevée dont bénéficient les personnes travaillant dans notre pays, en raison de la qualité élevée de l’enseignement, des soins médicaux et de l’offre culturelle. Et elle fonctionne parce que ces entreprises croient en notre pays.

Le moteur de notre économie tourne et les gens en profitent directement. Le taux de chômage est en baisse continue depuis plusieurs années, passant de 7,1% au début de la législature au taux actuel de 5,7%. Notre économie est au service des gens.

Et, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nous devons garantir qu’elle le restera. Lorsqu’on saisit les termes Luxembourg et économie dans un moteur de recherche, il faut obtenir une image qui ne se limite pas à la seule UE, à l’acier, aux finances, au domaine du fret ou à l’industrie satellitaire.

“Il faut que notre pays évoque une certaine vision des choses, une stratégie, l’avenir et le courage. Le premier pas a été fait.”

Nous avons mis peu de temps à nous construire une renommée mondiale dans le domaine des technologies de l’espace et de l’exploitation des ressources de l'espace. De plus, nous avons fait du secteur financier un secteur accueillant également des activités dans le domaine de la FinTech et de la finance verte, le Luxembourg est le centre européen du calcul haute performance (High Performance Computing), l’Automotive Campus connaît un grand succès et nous sommes devenus une référence dans l’industrie des centres de données, avec comme résultat que nous accueillons chez nous les premières ambassades digitales et que le Luxembourg ne figure pas seulement sur la carte de l’une des plus importantes sociétés mondiales du secteur Internet. Google a acheté des terrains au Luxembourg. Un projet est en cours d’élaboration et nous sommes confiants que la prochaine démarche sera également couronnée de succès.

Cependant, nous devons également engager la prochaine étape pour le Luxembourg, en faisant preuve de courage politique et sociétal. Le Luxembourg a tout ce qu’il faut pour devenir une véritable smart nation

La première pierre ayant été posée avec le processus Rifkin, il importe à présent de poursuivre les travaux. Les prochaines années apporteront des changements, dont nous ne mesurons pas encore l’ampleur. La technologie 5G ouvre de nouvelles possibilités en matière de connectivité.

Votre voiture communiquera avec celles qui vous précèdent et celles qui vous suivent. De plus, l’intelligence artificielle est un élément-clé de cette évolution qui nous attend. Si l’on sait que la Chine vient de décider dans ce domaine le lancement d’un programme dont le montant final s’élèvera à plus de 150 milliards de dollars, on comprendra que la question de l’importance à attribuer à une telle mesure ne se pose plus. La question qu’il faut se poser est plutôt de savoir si l’Union européenne et le Luxembourg veulent à l’avenir être décideurs ou subir les décisions d’autrui. L’enjeu, c’est ni plus ni moins que notre souveraineté.

Au cours des quatre dernières années, les trois partis de la majorité ont emprunté cette voie en aménageant des sentiers sur un terrain jusque-là inexploré au Luxembourg.

Le gouvernement est d’avis qu’il faut poursuivre ce travail de pionnier. Nous devons continuer à nous concentrer sur notre rôle d’acteur et de décideur et à investir dans le développement de nouveaux secteurs. Le numérique constitue une opportunité et il faut débloquer des budgets supplémentaires au profit de la recherche et du développement de technologies nouvelles. Le Luxembourg doit jouer un rôle modèle en Europe, et c’est d’ailleurs la seule manière d’identifier à temps les risques éventuels et de tirer nous-mêmes parti des possibilités qui se présentent.

Il faut que, dans les années à venir, le Luxembourg conserve son rôle actuel de modèle de réussite et, pour cette raison, il faut surmonter les difficultés restantes qui nous ralentissent – et ce, en partie, au sens propre du terme.

Notre pays est pris dans un bouchon et nous sommes confrontés à de sérieux problèmes sur nos routes. C’est notamment le cas aux heures de pointe et sur les grands axes qui relient notre pays aux régions limitrophes et où les véhicules sont pris chaque jour pendant des heures dans des bouchons de plusieurs kilomètres.

Au cours des quatre dernières années, nous avons réalisé des investissements dans la mobilité qu’aucun gouvernement précédent n’avait réalisés au cours d’une législature. Le volume de nouveaux projets initiés ou mis en œuvre depuis 2014 est énorme. Le tram et la nouvelle gare de Pfaffenthal ne sont que deux exemples visibles parmi les infrastructures effectivement inaugurées; en effet, les investissements dans les transports ferroviaires ont, d’une manière générale, connu une hausse substantielle.

À titre de comparaison: entre 2003 et 2013, les investissements dans le réseau ferroviaire s’élevaient à quelque 1,36 milliards. Par contre, depuis 2013, les transports ferroviaires ont bénéficié d’investissements de l’ordre de 1,6 milliards d’euros. Rien que pendant cette législature, les chemins de fer ont donc bénéficié d’investissements supérieurs à ceux réalisés auparavant pendant une période de plus de dix ans.

Nous avons besoin de cet investissement pour améliorer la ponctualité, le confort, la fiabilité et l’attractivité des trains. En ce qui concerne le Fonds des routes, les investissements s’élevaient en 2013 à près de 180 millions d’euros, contre plus de 340 millions d’euros de dépenses prévues pour cette année. On peut donc constater en toute objectivité que les investissements dans la construction de routes ont été massivement renforcés.

Un nouveau concept de transport a été élaboré, concept qui repose sur un modèle inclusif et l’imbrication entre les transports ferroviaires et routiers, les pistes cyclables et les trottoirs. De même, la mobilité douce a été véritablement boostée au cours des dernières années grâce à un renforcement substantiel des investissements dans les pistes cyclables.

Parallèlement, de nouvelles infrastructures Park & Ride ont été financées dans la zone frontalière et nous venons de signer avec la France un accord visant à améliorer davantage la mobilité transfrontalière.

La semaine passée, le ministre responsable a abordé d’autres mesures dans cette enceinte et, au cours des mois à venir, des initiatives supplémentaires seront lancées pour améliorer la situation.

Au cours des prochaines années, nous devons poursuivre avec détermination dans cette voie – de plus, il faut que nous ayons le courage d’essayer des solutions innovantes plutôt que de nous limiter au simple constat des problèmes – et de le faire libres de toute idéologie, en nous adaptant à l’esprit du temps.

Les capacités ferroviaires et routières sont actuellement limitées. C’est pourquoi le gouvernement entend poursuivre ses efforts en travaillant sur plusieurs axes. D’une part, il s’agit de poursuivre le développement des concepts intelligents. L’autopartage et le covoiturage renferment un potentiel important qui reste encore insuffisamment exploité et qu’il est prévu de rendre plus attrayant à travers des actions ciblées. Parmi les exemples déjà présentés, l’on peut citer la réservation d’une voie aux voitures transportant plus d’une personne. Cependant, il faut également faire en sorte que les personnes intéressées puissent se repérer et se contacter plus facilement, et, pour cette raison, il est prévu de présenter dans les mois à venir une appli permettant aux conducteurs et aux passagers potentiels de se contacter mutuellement.

De plus, un concept innovant exige l’extension du réseau de tram.

Nous sommes d’avis que le réseau tel qu’il existe actuellement et tel qu’il est prévu pour le moment peut faire l’objet d’une extension.

Le gouvernement propose notamment, dans le cadre du Modu 2.0, une ligne allant jusqu’à Esch/Belval; parallèlement, il faut aussi prévoir la possibilité de desservir d’autres destinations par un tram qui, pouvant circuler à des vitesses plus élevées, peut être relié au réseau existant. Il faut que l’immobilité soit l’exception et que la mobilité soit la règle. C’est là certainement une priorité absolue pour les années à venir.

Cependant, il s’agit non seulement de faire en sorte que les gens soient moins stressés, mais encore de protéger l’environnement, d’améliorer la qualité de l’air et, partant, la qualité de vie. L’enjeu, c’est ce que nous avons et ce que nous voulons conserver et préserver.

“Nos ressources naturelles, notre environnement naturel, nos forêts, nos paysages, nos eaux, l’air que nous respirons ne constituent pas seulement un patrimoine de notre pays, mais c’est la propriété de tous, qui mérite une gestion consciencieuse de notre part.”

Au cours des dernières années, le gouvernement a réalisé d’importants investissements pour garantir l’équilibre entre développement économique et protection de l’environnement. C’est ainsi que nous avons par exemple introduit les premières zones de protection «eau potable», zones qui, à l’exception de celles existant aux alentours du lac de la Haute-Sûre, étaient inexistantes. Entre-temps, onze zones ont été définies, de plus, 24 projets sont en cours de procédure. C’est là un exemple concret qui montre que nous veillons à protéger la ressource vitale que constituent les eaux souterraines.

Après avoir attendu pendant plus de 20 ans une directive européenne sur la protection des sols, nous avons décidé au cours de cette législature de ne plus attendre et nous avons déposé nous-mêmes une loi luxembourgeoise sur la protection des sols.

Toute une série d’initiatives ont été prises pour adapter des lois et règlements, pour protéger notre environnement et définir de nouvelles réserves naturelles.

Prenant au sérieux la protection de nos ressources naturelles, de la nature et des animaux, le gouvernement peut prouver son engagement à l’aide d’exemples concrets. C’est ainsi que le ministre de l’Agriculture a déposé à la Chambre des députés une nouvelle loi sur la protection des animaux, dont l’esprit pionnier est salué au niveau international. Plutôt que de considérer les animaux comme des objets, nous voyons en eux des êtres vivants qu’il faut respecter comme tels.

Nous avons un contrat avec la génération prochaine, parce que tout ce que nous avons à notre disposition ne nous appartient pas. Nous avons besoin d’un juste équilibre entre développement et durabilité; or, c’est précisément cet équilibre qui caractérise la politique des dernières années, politique qui est une réussite. 

Le débat sur les entreprises créant des emplois dans notre pays et les gens qui viennent s’y installer, a tendance à faire oublier certaines choses.

Cela concerne par exemple le fait que les causes des problèmes actuels se situent dans le passé et non dans le futur. Les problèmes considérables que nous connaissons actuellement dans le domaine des transports, tout comme la pénurie de logements, ne sont pas dus à l’arrivée de nouvelles entreprises au Luxembourg au cours des quatre dernières années, ni à celles qui envisagent de s’y implanter, mais remontent beaucoup plus loin dans le passé: l’année dernière, j’ai déjà, dans cette enceinte, attiré votre attention sur le fait que, de 2007 à 2017, la population du Luxembourg avait augmenté d’environ 100.000 personnes.

Le nombre de frontaliers qui viennent travailler dans notre pays a connu une augmentation très similaire au cours des quinze dernières années. Celui qui, aujourd’hui, répand le message court et facile selon lequel la route que nous avons empruntée jusqu’ici sans problème commence à devenir glissante et qu’il faut, pour cela, ralentir, voire s’arrêter, ignore donc la réalité. Il y a quinze ou dix ans, on a raté l’occasion de monter les pneus hiver et d’allumer les feux afin d’avoir une bonne visibilité de la chaussée. Or, c’est précisément ce qu’on a fait au cours de ces dernières années. Nous avons réalisé des investissements et nous continuons à en réaliser pour nous équiper de manière à pouvoir continuer notre route contents, en bonne santé et en toute sécurité.

En même temps, il serait trop facile de dire simplement que dans le passé, la politique n’était pas à la hauteur de sa tâche. La période où le Luxembourg connut une forte croissance fut également celle où le monde était confronté à une crise économique et financière.

Le fait que le Grand-Duché ait connu une telle évolution démographique précisément pendant cette période-là constitue donc un phénomène très particulier, qui s’explique surtout par le fait que cette crise a eu un impact plus sévère chez nos voisins, notamment en France et en Belgique. Les causes du retard pris en matière d’infrastructures sont complexes, toutefois, ses conséquences sont simples. Le Luxembourg n’était pas préparé et il était grand-temps de remédier à cette situation. Or, c’est ce qu’on a fait et c’est ce qu’il faut continuer de faire.

Nous le faisons par exemple dans le domaine de l’aménagement du territoire, où ce Parlement a voté au cours du mois passé une loi contenant des pistes en vue d’une utilisation optimale de notre territoire limité. Il s’agit d’une stratégie pour l’avenir et, au cours des mois à venir, nous devons, avec les communes, avec les acteurs sur le terrain, continuer également à planifier le développement du pays dans les différents secteurs. Dans le respect de l’environnement et dans l’intérêt de l’être humain.

C’est en effet uniquement l’être humain qui nous intéresse dans nos réflexions, nos planifications, nos discussions et nos décisions.

Celles-ci portent sur la qualité de vie, la vie quotidienne, le bien-être, la santé et la sécurité des gens.

La sécurité étant un facteur important, de grands efforts ont été faits dans ce domaine au cours des dernières années, avec pour objectif l’équilibre entre les réalités et les exigences, entre le sentiment subjectif de sécurité des citoyens et la situation réelle, les deux éléments étant à prendre au sérieux. À cet égard, l’actuelle réforme de la police constitue une étape importante. La tâche des policiers n’est pas facile et les exigences se sont accrues au cours des dernières années.

D’une manière générale, la criminalité a baissé. L’année passée, un nombre total de quelque 36.700 cas de criminalité ont été enregistrés, contre plus de 43.000 en 2013. En 2017, le nombre de cambriolages, de coups et blessures et d’abus signalés était moins élevé qu’il y a quelques années. Cependant, il faut savoir que souvent, les gens en ont une perception différente et que pour la victime, chaque cas peut avoir des conséquences catastrophiques.

C’est pourquoi il faut continuer à investir; de plus, la présence sur le terrain revêt une importance énorme. Pour cette raison, on prend actuellement des mesures pour que le travail administratif et préventif ne doive plus nécessairement être effectué par des agents en uniforme. 

De plus, nous avons besoin de ressources supplémentaires, besoin face auquel ce gouvernement a pris ses responsabilités en créant plus de postes qu’aucun autre gouvernement. Or il faut continuer dans cette voie. La formation sera encore améliorée et les missions des agents municipaux seront redéfinies de manière à ce que certaines tâches ne doivent plus nécessairement être confiées à des policiers.

Néanmoins, la lutte contre la criminalité passe avant tout par la prévention. Le meilleur moyen de prévenir la criminalité est d’offrir des perspectives aux gens, de soutenir notamment les jeunes, de veiller à ce que le système de protection sociale et l’encadrement de la société fonctionnent, et d’aider ceux qui en ont besoin.

Vu que la cohésion sociale revêt une importance centrale dans un pays où le niveau de vie est, d’une manière générale, élevé, nous avons veillé à ce que le fossé entre riches et pauvres ne continue pas de se creuser. Les mesures prises dans ce sens concernent tous les domaines de la politique que nous menons. Parmi ces mesures, il faut citer tant les réformes dans le domaine de la politique familiale, de la politique fiscale ou des structures de garde visant à aider les familles monoparentales, que l’augmentation de la subvention loyer, la gratuité des manuels scolaires et, bien sûr, la réforme du RMG avec l’introduction du REVIS et l’intégration de l’allocation de vie chère dans les prestations familiales de manière à en faire profiter également les familles avec des enfants.

Cependant, la question de la cohésion sociale ne se limite pas au volet financier ou matériel. La réussite du Luxembourg repose sur sa double nature.

Nous sommes un pays qui possède des zones rurales, des espaces naturels, des  forêts, des prés et des champs, mais nous sommes également un pays qui accueille sur son territoire une capitale européenne, nous avons une industrie traditionnelle comprenant des activités sidérurgiques et des usines, mais nous sommes aussi une nation de start-up accueillant de jeunes entreprises, des entreprises nouvelles. Nous sommes un pays où on parle luxembourgeois, mais nous sommes en même temps multilingues.

Ces deux aspects ne s’excluent pas mutuellement et nous voulons que le pays progresse dans cette voie.

Au cours des dernières années, le gouvernement a pris de nombreuses mesures pour renforcer le rôle de notre langue maternelle. À commencer par la promotion actuelle du luxembourgeois dans les structures de garde, dans l’éducation précoce et à l’école. Un aspect important des réformes entreprises dans le domaine de la garde des enfants consiste à permettre aux enfants ayant une langue maternelle autre que le luxembourgeois d’apprendre notre langue lentement mais sûrement à travers un premier contact ludique. Le luxembourgeois a connu une évolution extraordinaire au cours des dernières années et décennies, jamais notre langue n’a été parlée et écrite par autant de personnes. C’est un fait. 

Les cours de luxembourgeois sont suivis par un nombre extrêmement élevé de personnes, parce qu’on a compris que c’est une langue d’intégration et que, dans notre pays, c’est un atout de la connaître. Nous devons et nous voulons progresser avec détermination dans cette voie.

Le projet de loi relatif à la promotion de la langue luxembourgeoise, qui a été déposé à la Chambre des députés, offre de nouvelles possibilités pour renforcer le rôle du luxembourgeois au quotidien et reconnaître son statut réel: celui d’une langue qui fait partie intégrante de notre pays.

Cependant, la cohésion sociale se définit également à travers le sport, le bénévolat et la culture.

Dans ce dernier domaine, le Luxembourg sera à nouveau au centre de l’attention lorsqu’Esch-sur-Alzette sera Capitale européenne de la culture 2022. Le gouvernement entend accorder tout son soutien à ce projet. Il est important qu’on tourne le regard vers l’avenir et que tous les acteurs impliqués et concernés poursuivent non seulement le même objectif, mais qu’ils aillent aussi dans la même direction. J’entends prendre toutes les mesures nécessaires pour mener ce projet non seulement à bien, mais pour en faire un succès. 

 

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Nous avons aussi une responsabilité qui nous oblige à fournir des réponses aux citoyens, à être à leur écoute.

De plus, nous devons faire tout notre possible pour que, dans le contexte de ce qui se passe autour de nous, les gens vivant au Luxembourg aient confiance.

Vendredi dernier ont été lancées les consultations citoyennes initiées par le président français Emmanuel Macron et organisées actuellement dans tous les pays européens – à l’exception de la Hongrie. Le Luxembourg comptait dès le début parmi les proches alliés de la France pour promouvoir cette initiative et faire en sorte qu’un nombre aussi grand que possible de citoyens européens puissent y participer. Les gens sont invités à faire part de leurs idées, de leurs opinions, de leurs critiques et de leurs attentes.

L’Union européenne est un projet de paix unique sur notre continent, c’est une famille, une union au sens propre du terme, qui réunit plus de 500 millions de personnes.

Après ce premier événement vendredi dernier à Esch, une chose est sûre: les gens sont intéressés par cette initiative, ils souhaitent participer au débat sur l’avenir de l’Union européenne. Nous vivons dans un pays où il existe, d’une manière générale, un grand enthousiasme pour l’Europe. Toutefois, il y a aussi des questions auxquelles il faut apporter des réponses. Or, dans les années à venir, on n’y parviendra que si l’on emmène les gens sur la voie vers l’avenir de l’UE.

La première pierre de l’union actuelle a été posée par un petit nombre de politiques courageux. Les prochaines étapes doivent aujourd’hui être franchies avec les citoyens, afin qu’elles soient approuvées par un nombre aussi grand que possible de personnes, de manière à contrecarrer la démarche de dénigrement des démagogues, des populistes et des menteurs.

 

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Ce qui compte, c’est non seulement ce qui se dit, mais ce sont aussi les faits.

On peut dire qu’aujourd’hui, le Luxembourg est différent du pays que nous connaissions en décembre 2013.

Nous avons non seulement réduit le déficit et assaini les finances publiques, mais nous avons également réduit la charge fiscale pesant sur les personnes physiques et les entreprises. 

Nous avons une loi sur l’égalité des chances. Au Luxembourg, payer à une femme un salaire inférieur à celui payé pour le même travail à un homme, constitue aujourd’hui une infraction.

Nous avons une nouvelle loi sur la nationalité, qui permet de promouvoir l’intégration et de renforcer la démocratie.

Les relations entre l’État et les communautés religieuses ont été redéfinies. Nous avons des classes internationales dans les écoles publiques, vingt heures de garde gratuite des enfants et un congé parental plus avantageux.

Nous avons des procédures d’autorisation simplifiées et nous avons au Luxembourg un grand nombre d’entreprises nouvelles ainsi que des sociétés qui continuent d’investir.

Nous avons une loi hospitalière entièrement nouvelle, qui a permis la création de nouveaux services afin de garantir une meilleure qualité des soins.

Les services de secours ont été réformés et les milliers de personnes qui s’engagent au service de nous tous ont obtenu une reconnaissance supplémentaire et bénéficient d’une assistance accrue de la part des secouristes professionnels.

Le gouvernement a augmenté les budgets dans tous les domaines où il y avait d’importants retards à rattraper.

De la mobilité au logement, en passant par l’enseignement, la recherche, la prise en charge et l’inclusion, la sécurité et la protection de l’environnement.

Aujourd’hui, le Luxembourg est également plus moderne, mieux adapté à notre époque et mieux préparé aux défis qui nous attendent. Il faut que cette évolution continue, car nous avons besoin du progrès, nous ne pouvons pas nous permettre l’immobilisme. 

Notre pays est aujourd’hui différent de celui d’il y a quatre ans, et c’est bien ainsi.

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