"Une rechute qui va faire mal". Le ministre des Affaires étrangères au sujet de l'intervention militaire israélienne contre une flottille pro-palestinienne

Le Quotidien: L'hypothèse qu'il y ait eu des militants pro-palestiniens armés à bord de la flottille est-elle inenvisageable?

Jean Asselborn: Des membres d'ONG et des parlementaires allemands, européens étaient impliqués dans cette action... Encore une fois, cette flottille n'avait pas l'intention d'attaquer l'État d'Israël. Pour moi, autant de morts, ce n'est pas seulement un dégât collatéral. D'autres solutions auraient été parfaitement possibles. Il y avait d'autres moyens que cette brutalité. Cette opération va servir les extrémistes.

Le Quotidien: Après les mises en garde israéliennes, la flottille n'aurait-elle pas dû renoncer à son dessein?

Jean Asselborn: Gaza n'appartient pas à Israël. C'était un symbole de la solidarité internationale, un geste extraordinaire pour montrer que ce blocus ne peut pas durer. Encore une fois, l'État d'Israël n'a pas été agressé par la flottille. Israël n'a pas à arrêter de bateaux dans les eaux internationales ni à utiliser la force si son territoire n'est pas agressé.

Le Quotidien: Israël est-elle, cette fois, allé trop loin?

Jean Asselborn: C'est un acte condamnable qui porte atteinte à la sécurité israélienne à long terme, qui porte atteinte à la renommée d'Israël et qui ne sert pas le peuple d'Israël, qui rend les choses encore plus difficile.

Le Quotidien: La condamnation internationale est unanime. Que doit-elle faire désormais?

Jean Asselborn: Comme tout le monde, je pense qu'il faut une enquête internationale. Il y aura ensuite des débats à New York (NDLR: au siège des Nations-unies). On a vu avec le rapport Goldstone (NDLR: un rapport onusien qui avait pointé les violations des droits de l'Homme de Tsahal pendant la guerre de Gaza, en janvier 2009) que c'était très compliqué. Tout ce que je sais, c'est que ce qui s'est passé va énormément compliquer la tâche pour une reprise du processus de paix dans cette région.

Le Quotidien: La reprise des négociations semble presque utopique aujourd'hui...

Jean Asselborn: Pourtant, je pense que ce n'est peut-être pas le conflit le plus important de la planète. Ce n'est pas le conflit le plus difficile à résoudre en tout cas. Les solutions sont là. Mais, à mon avis, il rend très nerveux toute la planète des Philippines à l'Indonésie, en passant par le Moyen-Orient, la Turquie et les États-Unis. Tant que ce problème n'est pas résolu, cette nervosité va persister. C'est atroce quand on pense tous les espoirs que l'on eu. C'est une rechute qui va faire mal, très mal.

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