Jean-Claude Juncker esquisse devant la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen les contours d'une stratégie de sortie de crise

Dans le cadre des consultations régulières entre le Parlement européen et l’Eurogroupe, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, s’est prononcé devant les membres de la commission des affaires économiques et monétaires, le 29 septembre 2009.

Jean-Claude Juncker dresse un tableau mitigé de la situation économique dans la zone euro

Dans son intervention, Jean-Claude Juncker a, tout d'abord, fait le point de la situation économique dans la zone euro. Dans son analyse, la "situation économique s’est stabilisée" et "suscite un optimisme modéré pour le second semestre de l’année en cours et pour 2010". "La prudence reste néanmoins de mise", a-t-il enchaîné en faisant référence à la fragilité de la situation économique et aux répercussions à long terme de la crise financière sur les finances publiques, les marchés financiers et l’emploi.

Jean-Claude Juncker s’est aperçu que la lutte contre la crise économico-financière fut ponctuée par une panoplie de mesures exceptionnelles destinées à juguler "des événements imprévus et imprévisibles". "Nous avons combattus le feu par le feu", s’est-il rappelé en soulignant que les gouvernements des États membres s’étaient mis d’accord sur "le caractère exceptionnel et surtout temporaire des mesures" qui devraient aller de pair avec des stratégies de sortie de crise, le meilleur moyen pour éviter une fragilisation excessive des finances publiques et la pérennisation des distorsions.

En se référant aux dernières prévisions de la Commission européenne et du Fonds monétaire international, Jean-Claude Juncker a rapporté que "le PIB reculera de 4% en 2009 avant de se redresser en 2010 moyennant une reprise timide, de l’ordre de 0,3% 0,5%".

Parallèlement, il a mis en évidence l’importance qui revient dans les politiques économiques à la croissance potentielle, une croissance qui peut être réalisée en utilisant pleinement ses capacités productives sans générer de surchauffe inflationniste. Dans un contexte marqué par une croissance timorée, l’objectif est, d’après Jean-Claude Juncker, de générer une dynamique collective au sein de l’Eurogroupe et de "veiller à ce que chacun fasse ses devoirs à la maison" tout en gardant à l’esprit que des réformes structurelles ciblées généreront une meilleure croissance potentielle.

Jean-Claude Juncker préoccupé de la détérioration du marché du travail et de l’emballement des déficits publics

Jean-Claude Juncker s’est surtout montré préoccupé de la détérioration du marché du travail qui risque de plonger dans le chômage une part croissante de la population européenne. "Ces bouleversements qui sont à l’œuvre entraineront non seulement des conséquences sociales néfastes pour des pans entiers de la population, mais risquent également d’avoir des répercussions négatives sur les finances publiques des États membres", a–t-il mis en garde. Pour contrer efficacement la montée du chômage et éviter qu’il ne se transforme en chômage structurel, Jean-Claude Juncker a prôné de limiter les licenciements et renforcer la structure de nos économies.

Jean-Claude Juncker qui s’est également inquiété de l’emballement des dettes publiques, s’est attaché à esquisser les contours d’une stratégie de sortie budgétaire au niveau de la zone euro. Dans son analyse, il s’agira avant tout de se mettre d’accord dans le cadre de l’Eurogroupe "sur une compréhension commune de ce que pourrait être une telle stratégie de sortie" et de "dégager une compréhension commune sur les interactions entre les multiples mesures de soutien et les défis sous-jacents à leur démantèlement".

La stratégie de sortie de crise devrait également s’accompagner d’une plus grande flexibilité de la réforme du pacte de stabilité de 2005. D’après Jean-Claude Juncker, il conviendra de ne pas l’interpréter à sens unique et de "spécifier des trajectoires de consolidations réalistes et ambitieuses" qui pourront aller au-delà d’une corrélation de déficits structurels à hauteur de 0,5% du PIB par an.

"Nous ne pourrons pas nous borner à considérer isolément la stratégie de sortie budgétaire", a souligné Jean-Claude Juncker qui s’est exprimé pour la mise en place de "stratégies de sortie compréhensives et coordonnées" basées sur un retour des finances publiques vers une trajectoire de soutenabilité, des réformes structurelles pour favoriser la croissance potentielle et l’emploi et un retour des marchés financiers au fonctionnement sans soutien.

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