Entrevue de Jean-Claude Juncker avec Laurent Wauquiez, ministre chargé des Affaires européennes de la République française

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a reçu le ministre chargé des Affaires européennes de la République française, Laurent Wauquiez, pour une entrevue à Luxembourg, le 13 avril 2011.

Les discussions ont porté sur les relations bilatérales et dans la Grande Région, les questions nucléaires en relation avec la centrale de Cattenom, l’actualité politique européenne ainsi que le recours français contre le déplacement d'activités du Parlement européen de Strasbourg vers Bruxelles.

Dossiers bilatéraux

À l’issue de l’entrevue avec le ministre français, qualifié par Jean-Claude Juncker comme "un des grands espoirs de la politique française", le Premier ministre luxembourgeois a dit devant la presse "que le Luxembourg attache beaucoup d’importance au perfectionnement des relations franco-luxembourgeoises". Et à Laurent Wauquiez d'ajouter que le Luxembourg est un partenaire stratégique pour la France.

La question de la sécurité de la centrale nucléaire de Cattenom revêt une importance capitale pour le Luxembourg, a insisté Jean-Claude Juncker. "Nous voulons que les stress tests soient exécutés avec une extrême rigueur, et si jamais il devait s'avérer que Cattenom ne présente pas toutes les garanties de sécurité, nous demanderons qu'elle soit fermée. De toute façon, nous nous prononcerons contre l'idée de prolonger l'activité à Cattenom". Le Premier ministre a annoncé aussi qu'il évoquera le sujet lors de son entrevue avec son homologue français François Fillon fin avril à Paris.

Laurent Wauquiez a dit comprendre les préoccupations luxembourgeoises. Selon lui, Cattenom figurera au premier plan d'un audit indépendant réalisé dans toutes les centrales nucléaires en France. Il a ajouté que la France s'engagera, en cas de doute quant à la sécurité de la centrale, à prendre les décisions qui s'imposent.

Concernant les relations bilatérales, Jean-Claude Juncker a annoncé aussi que le ministre Wauquiez présidera, ensemble avec le ministre de l’Intérieur et à la Grande Région, Jean-Marie Halsdorf, la commission franco-allemande le 21 avril 2011.

Dossiers européens

Jean-Claude Juncker et Laurent Wauquiez ont également parlé de plusieurs dossiers d'actualité politique européenne.

Concernant le moteur franco-allemand en Europe, Jean-Claude Juncker a souhaité qu’il "garde sa vivacité, sa capacité d’invention ainsi que sa faculté d’innovation. Indispensable à la bonne marche de l’Europe, ce moteur ne doit pas considérer les autres pays de l’Union européenne comme étant des suiveurs qui n’ont pas de point de vue à faire valoir. Nous nous inscrivons dans une démarche française qui voudrait que l’Europe se renforce chaque jour tout en respectant la dignité des autres."

À ce sujet, le ministre français, qui s'inscrit clairement dans une filiation pro-européenne et qui défend une intégration européenne plus poussée, a ajouté qu'il ne pouvait y avoir de diplomatie française à l'échelle européenne qui se construit dans un tête-à-tête avec l'Allemagne. L'entente franco-allemande est certes vitale mais on ne peut pas se contenter d'un registre qui soit oubliant des autres, a-t-il dit. Et de conclure: "De ce point de vue, le Luxembourg a un rôle fondamental".

Laurent Wauquiez n'a d'ailleurs pas manqué de dire que la rencontre avec le Premier ministre luxembourgeois et président de l'Europe revêt pour lui une symbolique très forte. Qualifiant Jean-Claude Juncker comme une des grandes figures européennes, Laurent Wauquiez a dit que "beaucoup des avancées au niveau européen, la fortification de la monnaie unique et beaucoup des réalisations récentes lui doivent être attribuées. C’est une figure morale et politique de l’UE d’aujourd’hui".

Jean-Claude Juncker et Laurent Wauquiez ont également parlé des problèmes que traverse actuellement la zone euro, pour souligner qu’il ne s’agit pas d’une crise de l’euro mais bel et bien d’une crise de l’endettement dans certains pays membres de la zone. "Nous pensons qu’il faut être solidaire avec ces pays tout en exigeant vis-à-vis de ces pays une solidité qui correspond à la solidarité qu’ils peuvent légitimement exiger de la part des autres pays", a signalé le Premier ministre Juncker.

Concernant la situation financière et budgétaire du Portugal, Jean-Claude Juncker a souligné que "toutes les forces politiques portugaises doivent s'adonner à l'ardeur exigeante de se mettre d'accord entre elles pour affronter dans un esprit consensuel les négociations avec la Commission européenne, l'Eurogroupe et le FMI". Et de continuer: "Je voudrais être au service du Portugal sous condition qu’il fasse preuve d'une grande solidité domestique et interne".

Finalement, le Premier ministre luxembourgeois et le ministre français ont évoqué le recours français contre la mise en cause de Strasbourg pour les activités du Parlement européen. "Le Luxembourg a décidé de s'adjoindre à l'action de la France dans ce dossier", a annoncé Jean-Claude Juncker. Cette décision du Luxembourg s'explique par des raisons juridiques, étant donné que toute question des sièges relève de l'autorité exclusive des gouvernements et des États membres, ainsi que par des raisons historiques puisque "Strasbourg est un lieu de réconciliation où de nombreux ponts entre la France et l'Allemagne furent construits", a conclu le Premier ministre Juncker.

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