"Si quelqu'un est calomnié, je réagirai!". Jean Asselborn au sujet des dépêches envoyées par l'ambassade des États-Unis et récupérées par Wikileaks

Thierry Labro: Monsieur le ministre, vous êtes la première personnalité concernée par une des 168 dépêches envoyées par l'ambassade des Etats-Unis à Washington et récupérées par Wikileaks. On vous y décrit comme quelqu'un qui a beaucoup œuvré pour que le Luxembourg accueille un détenu de Guantanamo...

Jean Asselborn: J'ai toujours essayé d'avoir une position cohérente. A partir du moment où, comme d'autres, je préconise la fermeture de Guantanamo, j'ai mis toutes mes forces pour que des gens ne soient pas emprisonnés sans raison. J'ai imaginé être en prison sept ans sans raison...

Thierry Labro: Que vous inspire ce souci de transparence, façon Wikileaks?

Jean Asselborn: A quoi bon? Est-ce que cela fait changer les choses dans le bon sens? Nos ambassadeurs n'ont pas cette mentalité-là. Evidemment, ils sont là pour informer leur ministre des Affaires étrangères, ou leur gouvernement, de ce qui se passe dans le pays où ils sont, de la personnalité des dirigeants, de la nature de leur action. En six ans et demi, je n'ai jamais rien lu de déshonorant. Mais il ne faut pas trop se fier à ces appréciations somme toute très subjectives. D'autant qu'il y a des diplomates de carrière et des diplomates politiques et les deux ne poursuivent pas toujours les mêmes buts... Mais sur ce que je sais, il est avant tout question de business: Wikileaks ne traite qu'avec des journaux qui ont au moins 500.000 lecteurs ou auditeurs et les moyens qui vont avec... Maintenant, si quelqu'un chez nous est calomnié, je réagirai...

Thierry Labro: Est-ce que vous vous attendez à ce que soit le cas? Vous avez dû parler avec les autorités américaines d'une manière ou d'une autre...

Jean Asselborn: Il est possible qu'il y ait une appréciation peu amène me concernant. Tout le monde sait que le précédent ambassadeur des Etats-Unis à Luxembourg (Ann Wagner, républicaine et donc positionnée politiquement à droite, ndlr.) et moi n'étions pas toujours sur la même ligne. Mais il n'y a pas de tradition, aux Etats-Unis, qu'un ambassadeur laisse ses dossiers en partant, comme cela a été le cas quand le chef de la diplomatie américaine a changé. Je dois dire que j'ai beaucoup d'estime pour Cynthia Stroum, très digne, très calme, qui essaye de comprendre que la position luxembourgeoise n'est pas partisane.

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