Jean Asselborn au sujet de nouvelle loi hongroise sur les médias

France Inter: La Hongrie est depuis samedi à la tête de l'Union européenne, mais la Hongrie est sous le feu des critiques européennes. Et ce n'est pas parce que le gouvernement hongrois n'aurait pas suffisamment préparé sa présidence tournante de l'Union.

Non, c'est pour une loi. On vous en parlait dès hier matin. Une loi toute nouvelle qui encadre très sévèrement tous les médias écrits, audiovisuels et électroniques. Un Conseil de surveillance des journalistes, contrôlé par le parti au pouvoir, peut désormais par exemple imposer de lourdes amendes si un sujet n'est pas jugé objectif, et possède la possibilité aussi de perquisitionner dans les rédactions, obligation pour les journalistes de livrer leurs sources.

Les ONG des droits de l'homme, l'OSCE, la Fédération internationale des journalistes, Reporters sans frontières et les gouvernements européens dénoncent à leur tour cette loi liberticide, à l'image de Jean Asselborn, Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Luxembourg.

Jean Asselborn (O-Ton): Je pense que le rôle de la presse est de contrôler le gouvernement. Si l'inverse se présente, on n'est plus en démocratie.

Donc, c'est très, très dangereux ce qui se passe en Hongrie. Pourquoi? Parce que c'est le gouvernement hongrois qui veut déterminer ce qui est d'intérêt public, de façon évidemment subjective, et exige des médias de ne pas se heurter de la logique gouvernementale.

Là, on est vraiment parti dans un système qui ne s'appelle plus démocratie. Et je juge ce gouvernement parce qu’on ne badine pas avec les principes généraux de la liberté de presse.

Imaginez l'Union européenne, présidée par la Hongrie, qui parle de liberté de presse, qui parle dialogue de droits de l'homme avec la Russie, avec la Chine, avec les pays africains, avec l'Iran peut-être un jour. Nous prêchons des valeurs dans l'Union européenne, dont la liberté de presse. Donc je suis triste et je suis aussi inquiet. J'espère que le Parlement européen, la Commission et aussi au niveau du Conseil, on va réagir.

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